Entretien avec Jean Verdier

16 octobre 2013

Jean VERDIER, PDG des sociétés Naturgie et Favols, Président du Syndicat National des entreprises bio (Synabio),  et administrateur de la Fédération Natexbio nous dévoile sa vision du marché des produits bio en France et en Europe.

Natexbio: Pouvez-vous nous présenter SYNABIO  ?        

Jean VERDIER: Le Synabio, créé en 1976, représente aujourd’hui les entreprises certifiées en bio, notamment les transformateurs et les metteurs en marché (grossistes, plateformes de distribution,…).

Il regroupe 120 adhérents totalisant un chiffre d’affaires de 1,5 milliards d’euros « sortie d’usines », ce qui représente environ 60% du marché des produits biologiques « sortie de caisse ». 5 associations régionales adhèrent aussi au Synabio : Arbio, Bioconvergence Rhône-Alpes, Interprofession Midi-Pyrénées, Sud et Bio, Syndicat des Entreprises Bio de Pays de la Loire,

L’objectif de Synabio est de participer, au niveau national et européen, à la structuration de l’aval de la filière bio. Le Synabio est notamment membre-fondateur de l’Agence Bio. Toujours très impliqué aujourd’hui, Didier Perréol en est le Vice-Président.

Natexbio: Qui sont les adhérents SYNABIO  ?

Jean VERDIER: Les 120 adhérents du Synabio représentent environ 200 sites industriels. Les 250 marques répertoriées fournissent au marché plus de 4 000 références de produits biologiques à destination des réseaux de magasins spécialisés ou de la distribution généraliste.

5% des adhérents ont une activité liée à l’alimentation animale, le reste met en œuvre des produits destinés à l’alimentation humaine et pour une petite partie (moins de 1%) destinée à la cosmétique et à la parapharmacie.

Pour quelle(s) raison(s) SYNABIO  est-il membre de NATEXBIO ?

Jean VERDIER: Historiquement, dès 1976, date de la création du Synabio sui s’appelait à l’époque le Syndicat des transformateurs de produits naturels et de culture biologique s’est rapproché de la Fédération de la Diététique qui organisait à l’époque, avec les magasins de diététique le seul salon dédié à ce secteur en émergence. Depuis, le Synabio a accompagné toutes les phases de croissance de Natexbio (salon Dietexpo, Natexpo). Aujourd’hui, le Synabio s’implique pour que les trois syndicats adhérents à Natexbio puissent, au delà de l’organisation de Natexpo, développer de nouveaux projets communs (formation des vendeurs-conseils en magasins spécialisés, valorisation des principes du développement durables dans chacune des parties prenantes de la filière…)..

Natexbio: Le 19 septembre dernier s’est tenue l’assemblée générale de SYNABIO. Pouvez-nous présenter le déroulement de cette journée ? Quels thèmes ont été abordés ?

Jean VERDIER: L’Assemblée Générale du Synabio se déroule généralement sur une journée en deux temps. Le matin est réservé à l’assemblée générale statutaire qui permet aux adhérents de valider que le rapport d’orientation de l’année précédente a bien été mis en œuvre. Cette année encore, de nombreux adhérents étaient présents ce qui est une véritable satisfaction car cela montre que les adhérents s’intéressent aux travaux qui sont menés au Syndicat. C’est aussi le moment réservé, chaque année, pour élire un nouveau Conseil d’Administration, renouvelé par tiers. C’est un moment d’échange et de partage appréciable et cela permet aussi, de manière informelle de maintenir de bonnes relations avec ses fournisseurs et ses clients. C’est aussi un moment important pendant lequel les adhérents peuvent vérifier que nous entretenons de bonnes relations avec le gouvernement et que nous mettons tout en œuvre pour favoriser le  développement de la filière. L’intervention d’un représentant du Ministre qui présente le Plan Ambition Bio 2017 et les points qui concerneront en priorité les acteurs de l’aval de la filière en est le témoin.

L’après-midi est ouverte à nos partenaires démontrant l’esprit d’ouverture qui caractérise le Synabio. Deux tables rondes ont été organisées cette année. La première était consacrée à la révision du règlement européen, mais nous y reviendrons plus tard. La seconde avait pour objectif de présenté le contrat de filière alimentaire, signé par le Synabio le 19 juin dernier. Outre les présentations des enjeux clés pour les PME du secteur Bio, la salle a pu écouter le point de vue du nouveau Président de l’ANIA, Jean-Philippe Giard sur ce sujet ainsi que celui de la nouvelle directrice de cabinet de Guillaume Garot, Madame Corine Orzechowski, qui hélas, malgré son entrain, a bien souligné l’inadéquation de certaines politiques publiques, notamment le Programme d’Investissement d’Avenir avec les besoins du secteur. En ce sens, le renforcement du Fonds Avenir Bio, plus adapté à nos PME est un vrai soulagement.

Natexbio: La Commission européenne a prévu de réviser en 2014 le cadre juridique et politique du règlement européen relatif à la production biologique. Qu’attendez-vous de cette révision de la réglementation de 2007 ?

Jean VERDIER: La réglementation bio a été révisée en 2007 mais les textes n’ont été appliqués qu’au 1er janvier 2009. Le travail de révision de la précédente réglementation avait été long et fastidieux. Nous ne souhaitons donc pas rentrer dans une nouvelle période de révision profonde dotant plus que les fondamentaux de ces textes réglementaires pour la bio sont bons. Ils répondent aux principales attendent des consommateurs en terme d’interdiction d’utilisation de pesticides de synthèse ou d’OGM.Ils ont permis des avancées sur la vinification, l’aquaculture, la certification des algues… Nous envisageons seulement de proposer des modifications qui permettraient de rendre plus claire l’information aux consommateurs notamment en proposant que 100% des matières premières d’origine agricole soient bio dans le nouveau règlement.

Ce que nous attendons plutôt, c’est surtout le nouveau plan d’action pour la Bio – le dernier date de 2004 – plus en phase avec les réalités de notre secteur qui s’est beaucoup développé et structuré en 10 ans. Nous espérons qu’il aura notamment un volet important dédié à la promotion et à la communication sur le mode de production biologique et sur les spécificités des produits biologiques.

Natexbio: Comment expliquez-vous le succès du Bio ? Est-il le fruit du travail de fond des professionnels du secteur, de l’intérêt des consommateurs ou bien d’une volonté politique ?

Jean VERDIER: C’est surtout, à mon sens, une rencontre entre des consommateurs à la recherche de plus de naturalité et de plus de santé et les produits proposés par des transformateurs et des distributeurs très à l’écoute de ces attentes, toujours à la recherche de nouvelles innovations en matière de produits et de distribution. Mais, le signal positif que donnent les pouvoirs publics depuis 2007 en France reste essentiel pour conforter les plus sceptiques.

Natexbio: A ce propos, comment avez-vous accueilli le programme national « Ambition Bio 2017 ?

Jean VERDIER: Les premiers signes, la large consultation et l’écoute constante des besoins des professionnels sont des signes encourageants. Nous attendons la version définitive du projet qui devrait sortir dans quelques jours et surtout les actions concrètes qui devront être développés en 2014 – nouveau programme de communication pour la bio prenant plus en compte les attentes des magasins spécialisés, nouveau format du Fonds Avenir Bio, engagements de la BPI, des ministères de l’Environnement, de la Santé et de l’Education Nationale pour une véritable valorisation des bénéfices de l’Agriculture Biologique et de ses produits.

Natexbio: Quel est le profil type de l’acheteur de produits bio ? Quels arguments opposez-vous à ceux qui disent que consommer Bio est trop cher pour le porte-monnaie ?

Jean VERDIER: Il n’y a plus de profil-type d’acheteurs de produits biologiques. Sans préjuger de leurs catégories socio-professionnelles, tous les concitoyens conscients de l’impact de leurs modes de consommation sur la santé de la planète y viennent petit à petit. Chacun avec sa sensibilité, au moment de la naissance d’un enfant, après des vacances à la campagne lorsqu’on a rencontré un agriculteur bio passionné ou après avoir perçu les limites de l’agriculture intensive (monoculture, pollutions des plages…). Les reportages dans les journaux ou à la télévision peuvent aussi sensibiliser les citoyens. Mais tous les faisceaux convergent : l’agriculture biologique est la plus durable que nous connaissons aujourd’hui et les produits biologiques, moins transformés, moins sucrés et salés, avec des goûts plus naturels séduisent aussi de plus en plus de consommateurs. Quant au prix, cette question reste délicate car aujourd’hui, c’est surtout le prix des produits conventionnels qui est sous-évalué. En effet, le coût de la dépollution des sols et des eaux liée aux pratiques de l’agriculture conventionnelle n’est pas pris en compte dans le prix de vente de ces produits. A l’inverse, tous les coûts (certification, analyses de résidus…) assurant de la qualité biologique des produits sont pris en charge par la seule filière biologique sans valorisation adéquate des aménités de la bio. Alors, à quand l’application du principe Pollueur-Payeur ?

Natexbio: Dans quelques jours aura lieu le salon Natexpo. Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?

Jean VERDIER: Nous espérons que cette édition sera une grande réussite. Nous avions demandé à décaler les journées d’ouverture en espérant plus de visites de gérants de magasins spécialisés indépendants les dimanche et lundi et plus de salariés des groupes organisés qui auront deux jours (lundi et mardi) pour venir rencontrer leurs fournisseurs et en découvrir de nouveaux. Nous espérons que ce pari portera ses fruits.

Natexbio: Les professionnels des produits bio sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Jean VERDIER: L’équilibre alimentaire se gère sur le long terme. Car comme le dit ce proverbe latin,  « c’est l’excès qui est la nourrice des médecins ». Les produits biologiques présents sur le marché sont idéaux pour cuisiner (fruits et légumes, farines et sucres complets, viandes et produits laitiers  de qualité…). Et comme moi, si cette société où tout s’accélère ne vous laisse plus le temps voulu pour cuisiner tous vos repas,  l’offre bio est de plus en plus adaptée avec des recettes bio, saines, faciles à préparer et artisanales comme base de vos repas sans oublier tous les petits plaisirs bio qui sont nécessaire au plaisir des papilles et pour le moral.

Propos recueillis par Natexbio

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