2020, une année unique pour les magasins spécialisés bio en France

19 janvier 2021
Bio Linéaires
n°93 Janvier/février 2021

Le mois de janvier est depuis 16 ans déjà un rendez-vous important pour les abonnés de Bio Linéaires, magazine historique des professionnels de la distribution bio spécialisée, qui a publié ce mois-ci son étude très attendue sur l’année écoulée, auprès de 2143 magasins :  enquêtes et autres observatoires permettent ainsi de mesurer avec précision l’évolution du marché des MSB (Magasins Spécialisés Bio).

Natexbio vous en livre ici la synthèse, accompagnée de précieux commentaires de Philippe Delran, Directeur de la publication de Bio Linéaires.

Natexbio : Que peut dire Bio Linéaires de son bilan pour cette année 2020 ? Une année tellement atypique pour le marché du Bio en France ?

Philippe Delran : « Ah … le bilan de la distribution spécialisée bio; effectivement nous pourrions classer ce travail comme une étude car par nature c’est bien de cela que l’on parle. Mais nous faisons aussi l’effort d’avoir une vision plus large, plus transversale, de la culture bio, de la connaissance des produits, des repères économiques (étrangers, français et par canal de distribution), de la règlementation, des évolutions techniques (la digitalisation) ainsi que des comportements d’achat (notamment le vrac).

Du coup, le bilan de la distribution spécialisée en France pour l’année 2020, fût complexe à élaborer, car c’est une année atypique, avec un confinement majeur, d’importantes défaillances, des rachats divers, une forte baisse de la demande en été… mais plus complexe encore est le suivi des impacts de la forte et rapide concentration, qui modifie la structure même du tissu que composent les MSB (Magasins Spécialisés Bio).

En gros, le résultat est positif, avec une année marquée par le fait que la majeure partie de la croissance provient du parc existant et non des ouvertures de nouveaux points de vente. »

« Je ne me rappelle même plus à quelle époque nous avions eu une telle situation. »

Natexbio : Et que peut-on dire de l’évolution du CA global pour les MSB et la GMS ?

Philippe Delran : « Le point le plus complexe à analyser est le fait que l’ultra-frais en GMS soit en négatif sur plusieurs périodes. Nous ne trouvons pas d’explication claire :  baisse de la demande, part de promo en forte hausse,… mais ce rayon à rotation rapide est un signe à observer avec attention. Globalement la croissance de la GMS, même si elle a fortement diminué, reste soutenue.

Les magasins bio ont été particulièrement secoués en 2020, des à-coups qui pourraient bien avoir des conséquences inattendues. Avec un chiffre d’affaires global que nous estimons à 4,2 Milliards d’euros €, les magasins bio ont su tirer parti de la crise, le bio est toujours une valeur refuge. »

Natexbio :  2020, une année très atypique : entre ventes chaotiques et crise sanitaire, quels sont les rayons ou les familles de produits qui ont « tiré leur épingle du jeu » ?

Philippe Delran
co-dirigeant de Bio Linéaires

Philippe Delran : « De grand bouleversements dans les chiffres par familles caractérisent cette année. Des segments type tels que le maquillage qui se sont écroulés, d’autre ont explosé, à l’exemple de l’épicerie salée ;  un rayon vrac en dent de scie, et une forte baisse de la demande durant l’été. Finalement le seul segment qui est resté assez stable est celui des céréales pour le petit déjeuner.

Un point marquant et qui devient dorénavant structurel est l’évolution négative du rayon bébé et notamment les laits infantiles. Il est peut-être regrettable que les divers acteurs de la distribution n’aient pas mis en corrélation leurs demandes pour créer une  marque dédiée aux MSB. Les VMM (Ventes Mensuelles Moyennes) sont vraiment de plus en plus faibles. Mais cela ne signifie pas que les parents de jeunes enfants désertent les MSB, d’autres articles plus liés à l’écologie et la santé dans ce rayon ont toujours une activité élevée.

Enfin, malgré la crise sanitaire et le premier confinement durant lequel nous avons connu une baisse des vente du rayon vrac, ce dernier à quasi repris son rythme assez rapidement (même si les bacs ont plus de difficultés).

Cette part de produits « sans EAN » (sans code) continue de progresser et représente un poids économique majeur dans les MSB. Nous touchons un nouveau comportement d’achat où l’écologie est le principal moteur, mais prenons garde que ce dernier ne vienne envahir la bio.

Nous devons rappeler que le tonnage d’engrais minéraux en France est 2,4 fois supérieur à celui des déchets plastiques des ménages et cela annuellement.

Quels est le sens de faire du vrac non bio ? Certes le local est un argument puissant dans l’acte d’achat, mais le bio et le local… c’est l’idéal.

Sur ce point, je trouve la « mollesse » d’adaptation ou de perception des marchés de l’amont des filières bio régionale regrettable. »

Natexbio : A propos des ouvertures et des fermetures des MSB en 2020, quelles enseignes et quelles régions s’en sortent le mieux ?

Philippe Delran : « Notre bien cher jardin que représentait l’espace occupé par les magasins bio, me semble parfois être devenu un champ de bataille. La concurrence parfois rude des uns et des autres pour conquérir au plus vite les territoires entraine de nouveaux comportements envers l’amont. Le prix devient un éléments central.

Un marché qui se structure, qui adapte les analyses de la GSA (Grande Surface Alimentaire), qui concentre ces efforts sur les PGC (Produits de Grande Consommation).

Il en faut, mais un(e) consommateur(rice) averti(e) en bio est une personne qui recherche des produits appartenant à notre sigle officiel de qualité et un univers à découvrir dans l’assortiment de son magasin. Pour des raisons pratiques, les magasins ne sont pas extensible à l’infini, mais une certaine standardisation dans les assortiments des MSB est en cours.  On remarque aussi qu’Auvergne-Rhône-Alpes conserve sa position de leader en Région, avec 41 ouvertures de MSB en 2020.» 

Les rayon maquillage et bébé font partie des familles de produits bio a avoir évolué négativement en 2020.

Natexbio : Les ventes en MSB, comment les choses ont bougé ?

  • « L’évolution du panier moyen : on constate une forte hausse du panier moyen en magasins Bio; les détails sont à retrouver dans Bio Linéaires n°93 page 79. »
  • « Le taux de fréquentation via la crise sanitaire : beaucoup plus stable en 2020. »
  • « Un déplacement des valeurs des consommateurs vers certains produits :  « les aides culinaires en général ont connu une belle croissance. »
  • « Le rayon fruits et légumes : c’est toujours le rayon clé des MSB. Il faut faire plus attention aux origines des produits. »
  • « Le rayon entretien, petit à petit, prend sa place, pour arriver dans quelques années à la représentativité qu’il a en distribution conventionnelle. »
  • « Un bilan plus mitigé pour les cosmétiques : le constat est simple, plus d’hygiène, moins de soins. Pour la beauté notons la belle performance des colorations capillaires. »

CE QU’IL FAUT RETENIR DE 2020

  • 4,2 milliards d’euros = Chiffre d’Affaires des Magasins Spécialisés Bio tous rayons confondus
  • 5374 euros = CA moyen / m2
  • +10,3% = croissance estimée du CA des magasins Bio en 2020
  • 3091 magasins Bio en France
  • 258 m2 = surface moyenne des magasins
  • 779 125 m2 = surface de vente cumulée
  • 158 nouvelles ouvertures de Magasins Spécialisés Bio
  • Trois rayons gagnants : Fruits & Légumes, Entretien & détergence, Service arrière…

Les tendances émergentes pour 2021

  • Le vrac et le zéro déchet : « Bien sûr, mais n’oublions pas de promouvoir encore la bio et son impact agraire. »
  • Toujours plus de digital : « Au fond, cette évolution risque de se passer sans trop de souci, oui les magasins auront tous tôt ou tard une e-boutique, le sujet est de savoir quelle sera la largeur de l’assortiment … après demain. »
  • Confirmation du consommer local : « Oui, du régional, du national, du terroir étranger, plus que le local, l’origine en général. »
  • Comment vont évoluer les PGC, l’alimentation : « Plus de frais, moins d’emballage, plus de santé, plus de produits techniques, plus d’aides culinaires élaborées… une évolution comme nous en avons connu bien d’autres. »

« Ces chiffres restent des indicateurs, qui nous montrent les points forts et les points faibles d’un marché en perpétuelle mutation; et c’est encore plus vrai pour 2020. »

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