Crise, reprise… quelle place pour la RSE ?
Le « jour d’après » n’est pas à venir, il est derrière nous… C’était le jour de la contamination humaine par le virus COVID-19 ; depuis le monde a déjà changé de manière plus ou moins visible.
Alors que le monde traverse une crise sanitaire sans précédent, dramatique sur le plan humain, les entreprises également subissent et doivent affronter la situation. Certains secteurs économiques sont complètements à l’arrêt comme la restauration, le tourisme ou la culture, et d’autres sont incités à redoubler d’effort pour maintenir des services essentiels comme l’alimentation, la santé, le traitement des déchets, l’eau ou l’énergie. D’autres enfin sont dans l’entre deux, en activité partielle ou essayant de tenir le cap malgré les incertitudes sur l’avenir.
Mais depuis, on voit s’organiser des solidarités, entre voisins, entre collègues, entre entreprises. Au-delà de l’appui direct à la lutte sanitaire (production respirateurs ou masques par exemple), des entreprises s’engagent selon leurs moyens dans la solidarité économique par le maintien des salaires, la diminution des délais de paiement de leurs fournisseurs, ou encore par le maintien de leurs commandes.
Cette situation complètement inédite interpelle bien sûr les entreprises sur leurs priorités, leur stratégie, leurs modes d’organisations, leurs relations humaines ou plus largement la relation avec leurs parties prenantes. Dans ce contexte il peut être tentant de laisser de côté ses valeurs, sa vision et ses engagements dans la transition écologique pour se laisser enfermer dans le sauvetage de modèles à bout de souffle. Plus que jamais la RSE doit être au cœur de la gestion de crise et de la reprise des activités des entreprises.
A très court terme la RSE permet de favoriser les décisions rapides ancrées sur les valeurs que l’on défend : s’assurer de la sécurité de ses équipes, s’occuper des plus fragiles, maintenir une relation partenariale avec ses fournisseurs, renforcer ses liens avec ses clients et coconstruire avec eux des nouveaux modes de collaboration, organiser le maintien ou le développement des compétences de ses équipes…
Puis, pour préparer dès aujourd’hui la sortie progressive du confinement, la RSE incitera le chef d’entreprise à se questionner. Comment rendre mon business model plus résilient et soutenable ? Comment favoriser la logistique bas-carbone et les circuits courts pour être moins dépendant de chaine de valeur complexe et mondialisé dont on subit les limites en ce moment ? Comment réduire son empreinte écologique et écoconcevoir ses produits ou réduire ses emballages pour limiter mes consommations de ressources ? Comment s’appuyer sur son ancrage territorial pour retrouver des dynamiques communes ? Quels sont les nouveaux modes de travail à mettre en œuvre et maintenir ou renforcer les savoir-faire des équipes ?
Novethic (centre de recherche et média sur l’économie et la finance responsable) avançait même il y a quelques jours, que les entreprises plus engagées dans le développement durable et la RSE étaient celles qui résistaient le mieux à la crise.
Alors faut-il regretter que certains responsables économiques s’empressent de demander de mettre d’urgence de côté les prochaines avancées environnementales ou sociales ? Faut-il regretter qu’au niveau européen, le Green Deal en préparation marque un coup d’arrêt alors qu’il devait proposer de nouvelles perspectives fortes pour une meilleure prise en compte du climat et de la biodiversité dans les politiques publiques et économiques ?
Je le crains, mais les entreprises de la bio ont un rôle de leader à mener dans le monde qui se redessine et dans lequel la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux sera au centre des décisions stratégiques des entreprises !
Sylvain Boucherand, CEO de B&L évolution
Crédit Photo: Simon Rae
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