La distribution spécialisée bio pour demain

26 juillet 2016

Nous n’allons pas revenir sur les derniers résultats de la distribution spécialisée bio, ils sont bons. L’intérêt est de poser la question de son avenir. La demande de produits biologiques est en croissance et si aujourd’hui elle réalise un chiffre supérieur à 5 Milliards d’euro on peut envisager qu’il dépassera les 10 Milliards dans 5 ans, avec certainement des périodes plus ou moins dynamiques. Nous pouvons imaginer un objectif à long terme d’une consommation de masse de produits issus de l’agriculture biologique. Dans cet environnement comment positionner les magasins spécialisés ? Si le commerce de détail mondial via les nouvelles technologies est en développement, les magasins spécialisés bio évoluent actuellement dans une « configuration » bien plus « personnelle » via :

– Un rayon fruits et légumes porteur
– Le rayon vrac établi aux alentours des 10-12% du CA,
– Les rayons service arrière (fromagerie, charcuterie, traiteur voire poissonnerie) en cours de généralisation qui représenteront une part comprise entre 15 et 20%.

Ainsi dans beaucoup de magasins spécialisés bio la partie alimentaire nous rappellera les « marchés couverts » ou les « halles » d’antan.

Sans oublier les produits de grande consommation, lait, œufs, huiles, farines, boissons végétales, produits laitiers, préparations végétales, pâtes, conserves de poissons, chocolats…, que nous retrouverons dans les rayons épicerie.

L’équation se complexifie dès que nous abordons la capacité des magasins à répondre aux demandes, très segmentées, des nouveaux comportements alimentaires. Les magasins devront être dans la capacité de répondre aux demandes des clients qui souhaitent consommer du sans gluten, du sans lactose ou adopter un comportement « flexitarien », s’inscrivent dans une volonté de véganisme ou développer des alternatives telles que le crudivorisme, raw food, paléo…, et le tout avec une approche bio-locavore. Ainsi, nous avons une demande alimentaire, historiquement nommée, « diététique » (aujourd’hui superfood) qui rappelle que les magasins d’aujourd’hui sont issus de ces points de vente «d’aliments sains ».

Ces demandes créeront des « univers » spécifiques au sein même des points de vente, avec certaines « passerelles » transversales. Le choix dans l’assortiment, bien entendu tout issu de l’agriculture biologique, sera de plus en plus complexe. Les tendances devront être rapidement assimilées afin qu’elles se transforment, pour certaines, en bonnes ventes avant d’être, en partie, « récupérées » par la distribution généraliste (comme nous l’avons connu dans le passé pour des produits tels que l’Aloé Vera, l’argan, sirop d’agave, jus de grenade…).

L’alimentaire est et restera le moteur de la distribution spécialisée, mais le non alimentaire gardera une part comprise entre 15 et 20% des ventes. Les cahiers des charges doivent assurer une transparence dans le process et la composition des produits (comme dans le règlement de l’agriculture biologique) afin d’être compris et assimilés par les consommateurs. Même si l’aspect protection de la santé est le principal critère qui influe l’achat, les critères environnementaux et sociaux sont tout aussi déterminants pour l’image d’une distribution spécialisée engagée. Les efforts et les progrès des acteurs doivent être soutenus par la distribution.

La filière « Agriculture biologique » toute entière est aujourd’hui dans une période de mutation, nombreuses sont les entreprises de transformation à saturation de production et les investissements doivent rapidement être réalisés pour répondre à la demande. La distribution recherche des produits « performants » tant sur le point tarifaire que celui du service, entraînant une accélération des industries à l’économie d’échelles efficaces mais la contraignant au maintien d’une activité élevée.

En amont de la filière, malgré les bonnes nouvelles en France concernant les conversions des surfaces agricoles, au niveau international, la demande en produits issus de l’agriculture biologique est en forte croissance (Allemagne, Chine…) et l’évolution des conversions n’est pas en corrélation. Nous nous dirigeons vers une période complexe et risquée au niveau de la disponibilité de matières premières. Notons que nos instances professionnelles françaises sont en pointe au niveau d’outils de surveillance de la qualité des produits bio. L’agriculture biologique française est certainement l’une des plus fiables au monde.

Plus que jamais, la notion de filière doit être au cœur des échanges entre les protagonistes. Les recherches d’équilibres, entre une distribution qui gagne en efficacité, des transformateurs en phase d’investissement et un monde agricole (dans sa globalité) qui doit rétablir les bases économiques et environnementales durables, sont les clés de l’agriculture biologique.

Tribune libre par Philippe DELRAN, directeur de publication Bio Linéaires

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