Entretien avec Allon Zeitoun, Président de Synadis Bio et Directeur Général de Naturalia
Président de Synadis Bio et Directeur Général de Naturalia, Allon Zeitoun côtoie le réseau spécialisé bio depuis de nombreuses années, et s’investit aujourd’hui au sein du Synadis Bio pour fédérer au mieux les énergies de ses adhérents, enseignes nationales ou commerçants indépendants. Partant du constat que la Bio n’est plus un marché « de niche », mais bien une partie intégrante du quotidien de nombreux(ses) français(ses), une de ses missions est de leur garantir que toutes les valeurs du Bio sont respectées, au-delà d’un simple « étiquetage ».
Natexbio : Allon, vous avez été récemment nommé Président du Synadis bio (Syndicat National des Distributeurs Spécialisés Bio), quelles sont vos ambitions pour la distribution spécialisée bio ?
AZ : « Je dirais que notre mission première est de défendre et faire connaître la Bio spécialisée. Pour cela, j’ai envie de citer un slogan d’une de nos campagnes, réalisée il y a quelques années : « La Bio, c’est plus qu’une étiquette, c’est une éthique », je trouve que ça résume très bien mon avis sur la question. Le Synadis Bio est là pour défendre des valeurs telles que la proximité, l’équitable, le local, le sans emballage…pour une expérience client différente. Ma mission, c’est aussi de veiller à ce que nous réalisions ce que nous avons exprimé…en tenant réellement nos engagements. Ainsi, à titre d’exemples, le Synadis Bio s’est positionné contre les serres chauffées, s’est montré partenaire de labels équitables, ou encore a œuvré pour la formation des salariés des magasins sur le « mieux manger ». Notre objectif, c’est la Bio pour tous, en faisant connaître au maximum ses différences. »
Natexbio : Le 11 mars dernier, l’Agence Bio a publié son dernier baromètre sur la consommation bio. Que vous inspirent ces résultats ?
AZ : « Il y aurait beaucoup de commentaires à faire, sur de nombreux chiffres. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la stagnation du nombre de consommateurs en 2020, mais à un niveau plutôt élevé. Cela se traduit aussi par l’augmentation de la fréquence de consommation. On peut noter également le rajeunissement des profils de consommateurs, et le succès d’une offre plus locale et plus saine. Ce qui confirme les valeurs défendues par le Synadis bio. »
Natexbio : La distribution bio a continué sa croissance malgré le contexte sanitaire. Selon vous quels sont les enseignements majeurs de 2020 ?
AZ : « Nous sommes déjà bien positionnés sur les macro-tendances : le refus des emballages, l’essor des produits d’hygiène et d’entretien, le local, le manger sain et le cuisiner soi même, la proximité des magasins… »
Natexbio : Les enseignes spécialisées bio françaises continuent de développer leur réseau à un rythme soutenu…comment voyez-vous l’évolution de la distribution spécialisée bio ?
AZ : « C’est difficile de se projeter. Après une année 2019 en demi-teinte, nous avons connu une belle croissance en 2020, ceci dit dans un contexte sanitaire exceptionnel qui aura surement influencé cette tendance. Mais je reste confiant sur une évolution positive à long terme. »
Natexbio : Le conseil au consommateur est considéré comme un atout majeur des enseignes spécialisées bio. Quelle importance accordez-vous à la formation des salariés des magasins bio ?
AZ : « Comme nous l’avons évoqué plus haut, le Synadis Bio joue un rôle important dans la formation de ses adhérents. Je dirais même un rôle stratégique. Nous avons mis en place une trentaine de modules E-learning sur différents thèmes, et continuons à construire en permanence de nouveaux modules de formation.
Natexbio : Le vrac bio rencontre un vif succès auprès des consommateurs, comment voyez-vous son évolution ? Selon vous, quels seraient les freins à son développement (hygiène, règlementation) ?
AZ : « Oui, c’est un rayon qui connait une croissance à deux chiffres, c’est assez rare pour être souligné. Malgré une année 2020 difficile à cause de la crise de la Covid : les gens étaient réticents à toucher les pelles et autres outils mis à leur disposition pour se servir; on peut dire que l’année passée à vu un frein à la croissance du vrac. Autre frein identifié, le vrac liquide. En zones urbaines, les consommateurs ont encore du mal à ramener leurs bocaux vides, pour des raisons pratiques. Mais je pense que la tendance du vrac va repartir à la hausse et 2021/2022, avec notamment une nouvelle règlementation qui « pousse » le vrac. »
Natexbio : Les acteurs de la distribution spécialisée bio ont un rôle important à jouer dans le développement de la RSE. Comment Synadis Bio accompagne ses adhérents dans cette démarche ?
AZ : « En prenant des engagements communs, autour des thèmes qui nous sont chers : l’équitable, le local, la réduction des emballages, les labels communs, les filières communes, les scores, les formations…il y a de nombreux chantiers à mener de front. »
Natexbio : Vous êtes membre du jury de Natexbio Challenge, quel regard portez-vous sur les porteurs de projets bio ? Comment Synadis Bio peut aider au développement des jeunes entreprises Bio ?
AZ : « C’est la troisième année pour moi, en tant que membre du jury, ce qui signifie que je suis ce Challenge depuis sa création. Faire partie du jury, et recevoir les 10 nominés pour la présentation de leurs projets est un vrai bon moment pour moi; et je suis toujours étonné par la vitalité de cet écosystème de la Bio, par la vivacité des porteurs de projets. On y trouve des innovations étonnantes et très intéressantes, je pense notamment aux crackers apéritifs de Résurrection, gagnant de l’édition 2019. Pour les candidats, c’est une super idée d’y participer.
Les projets qui nous sont présentés défendent des valeurs qui nous sont chères, comme par exemple la réduction des déchets et des emballages. Le Natexbio Challenge, c’est une très belle vitrine pour les entreprises qui y participent, et c’est aussi un réel coup de pouce pour leur développement, avec des aides financières et des mises en contact avec les distributeurs. »
Natexbio : L’édition 2021 du salon Natexpo aura lieu les 24, 25 et 26 octobre prochains. Que pensez-vous de ce rendez-vous annuel de la profession ?
AZ : « C’est le moment collectif en France pour toute la Bio. Tout notre écosystème y est présent, et ça donne lieu à des échanges très riches. Depuis 2018, la bonne temporalité entre les salons de Paris et Lyon a renforcé son succès. »
Propos recueillis par Christophe Beaubaton pour Natexbio
Crédit photos : Naturalia
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