Entretien avec Fanny Lemaire, Présidente d’Interbio Pays de la Loire, nouveau partenaire du Natexbio Challenge
Fanny Lemaire, Présidente d’Interbio Pays de la Loire, nous fait part de son expérience au sein de cette instance, du parcours personnel qui l’a mené jusque-là, ainsi que du nouveau partenariat qui s’instaure en 2022 avec le Natexbio Challenge.
Natexbio : Fanny, pouvez-vous nous dire en quelques lignes ce qui vous a amené à présider Interbio Pays de la Loire ?
Fanny Lemaire : « Tout d’abord, j’ai eu un parcours agricole dans le conventionnel, en tant que directrice commerciale dans des structures de production importantes, sur des marchés Européens. Puis j’ai rencontré la Bio il y a 25 ans déjà ! Ayant travaillé sur les cahiers des charges de l’agriculture conventionnelle, la Bio m’a parue une évidence. Et quand je suis entrée dans la filière Bio, ça a été pour faire de la formation, et je continue à en faire, depuis une quinzaine d’années.
Natexbio : Et qu’entendez-vous précisément quand vous parlez de « filière Bio » ?
FL : « Je parle de production et de transformation en Bio, jusqu’à la formation pour le réseau des magasins spécialisés Bio. J’ai par exemple été une des premières formatrices à travailler avec le réseau Naturéo quand ils ont ouvert leurs magasins. Ma mission est de transmettre le savoir-faire en Bio acquis en amont, vers toutes les enseignes de magasins auprès desquelles je suis engagée. »
Natexbio : Et quand avez-vous rejoint Interbio Pays de la Loire ?
FL : « Je me suis engagée avec eux il y a une dizaine d’années, en tant qu’administratrice ; et je suis maintenant Présidente depuis deux ans. Pour présenter l’Interbio, je dirais que c’est une association à caractère interprofessionnel, transversale, qui rassemble tous les acteurs régionaux de la Bio, de l’amont jusqu’au consommateur, puisque nous regroupons toutes les organisations de production, de coordination, les chambres d’Agriculture et les coopératives, les transformateurs, et pour finir les distributeurs, qu’ils soient spécialisés ou non, et bien sûr les associations de consommateurs. Donc on est vraiment dans la transversalité !
Natexbio : Quelles sont les missions de l’Interbio ?
FL : « Nos missions, c’est la concertation des filières, la mise en relation des différents acteurs régionaux pour la promotion de la Bio, des missions au niveau de la transition alimentaire dans le cadre de loi Egalim, et nous portons le label TBE (Territoires Bios engagés) pour soutenir les collectivités qui vont au-delà de la loi Egalim. Cette année, nous mettons en place des conventions d’affaires pour créer un réel échange entre l’ensemble des partenaires régionaux, nous créons le lien entre producteurs et acheteurs régionaux. Et aussi nous avons une mission qui est une véritable passerelle avec le Natexbio Challenge : INNOV’ en Bio. »
Natexbio : Très bien. Pouvez-vous nous en dire plus sur INNOV’ en Bio ?
FL : « Eh bien c’est un peu le même principe que le Natexbio Challenge : accompagner des porteurs de projet, au niveau local et régional. Quand on m’a demandé d’intégrer l’équipe du Natexbio Challenge pour la pré-seléction des projets, j’ai trouvé ça génial car ce que nous faisons déjà au niveau de notre territoire, nous allons le faire au niveau national. Avec le Natexbio Challenge, les Interbio en Région peuvent désormais donner une portée nationale à leurs projets locaux. Pour moi, l’innovation fait partie de l’ADN de la Bio, qu’est ce qui est plus innovant que l’agriculture biologique ? »
Natexbio : à quelles innovations pensez-vous ?
FL : « La réglementation par exemple, qui figure parmi les plus exigeantes ; à partir du moment où l’agriculture Bio ne peut pas utiliser de produits de synthèse, il va falloir innover pour produire de la qualité. Quant aux transformateurs, on va leur dire qu’ils ont droit à 10 fois moins d’additifs que dans le conventionnel, ils vont devoir innover… l’agriculture biologique a aussi été la première à répondre aux besoins des régimes alimentaires, et, qui a mis en place le vrac ? Encore l’agriculture biologique ! Et il en est de même pour les produits solides dans la cosmétique, pour les emballages compostables, le zéro déchet, l’upcycling, toutes ces innovations sont parties de l’agriculture biologique… la liste n’est pas complète, et je suis très fière aujourd’hui que le Natexbio Challenge s’intéresse aux Interbio. Nous sommes les premiers en France à y participer, mais je pense que d’autres Interbio suivront. »
Natexbio : Et comment se traduit ce partenariat, vous êtes membre du jury ?
FL : « Non, cette année je fais partie de l’équipe de présélection, c’est à dire qu’avec mes collègues professionnels de la Bio, nous allons étudier en détail l’ensemble des dossiers de candidature, les noter selon des critères précis, en débattre entre nous et au final sélectionner les 10 candidats qui se présenteront pour le Natexbio Challenge. Et même si certaines innovations ne sont pas retenues pour ce challenge, rien ne nous empêchera d’en récupérer certaines au niveau de l’Interbio si nous les jugeons intéressantes. »
Natexbio : Pour revenir à votre fonction de Présidente de l’Interbio des Pays de la Loire, quel est votre rôle exactement ?
FL : « La présidence d’une Interbio, c’est en premier lieu animer et représenter un collectif, une équipe d’élus, ainsi qu’accompagner l’équipe opérationnelle dirigée par Solenn Legendre, assurer la promotion et la représentativité de la bio territoriale, négocier avec nos financeurs qui sont la Région et l’État, et donner de son temps partout où c’est nécessaire…c’est du bénévolat (rires) ! C’est aussi savoir faire évoluer un collectif, avoir une vision de l’avenir ; et parfois aussi savoir gérer les conflits (rires)… »
Natexbio : Pour terminer, pouvez-vous nous dire si, dans votre vie personnelle, vous êtes aussi en accord avec les valeurs de la Bio ?
FL : « Chez moi on mange 100% Bio, du local de préférence car c’est l’idéal, et nous avons une alimentation plutôt flexitarienne, c’est à dire avec de la viande de temps en temps, pour préserver un bon équilibre entre protéines animales et protéines végétales. Cet équilibre est aussi très souvent observé chez les agriculteurs, qui produisent à la fois du végétal et de l’animal dans leurs exploitations. Ce sera le mot de la fin. »
Propos recueillis par Christophe Beaubaton
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