Entretien avec Marco SCHLÜTER Directeur d’IFOAM EU

26 septembre 2015

Marco SCHLÜTER, directeur de la branche européenne de l’International Federation of Organic Agriculture Movements (IFOAM EU) répond à nos questions.

Pouvez-vous présenter IFOAM EU en quelques mots ?

Marco SCHLÜTER: IFOAM EU est l’organisation européenne pour l’agriculture biologique. Nous défendons le développement de systèmes écologiques, sociaux et économiques basés sur les principes de l’agriculture biologique : santé, écologie, équité et bienveillance.

Avec plus de 160 organisations membres, notre activité couvre l’ensemble de la chaîne alimentaire biologique et au-delà: des agriculteurs, transformateurs, détaillants, certificateurs, consultants, négociants, chercheurs jusqu’aux associations de défense de l’environnement et des consommateurs.

Selon vous, quels sont les principaux enjeux pour les transformateurs bio actuellement ?

Marco SCHLÜTER: Les transformateurs de produits biologiques font face à beaucoup d’enjeux, parmi lesquelles figure la législation européenne, et en particulier le règlement bio et la réglementation sur les OGM.

En 2014, la Commission Européenne, a émis une proposition de règlement comportant des éléments pouvant impacter directement ou indirectement les transformateurs de manière significative, et notamment l’obligation pour les distributeurs d’être soumis à la certification biologique, et ceci même lorsqu’ils  ne commercialisent que des produits déjà emballés.

IFOMA EU et ses membres ont régulièrement proposé des solutions qui permettraient à la fois le développement du secteur biologiques ainsi que la protection des consommateurs.

Dans le texte du Conseil de l’Union européenne voté le 16 juin par les ministres européens de l’Agriculture, les Etats membres ont apporté de nombreuses modifications aux propositions de la Commission, dont la suppression des seuils automatiques de de-certification ou encore le retour vers un régime d’importation basé sur la reconnaissance des standards des pays importateurs comme équivalent et non pas conforme au règlement Européen. De plus, de nombreux amendements proposés par des députés européens vont dans le même sens.

La Commission, le Conseil et le Parlement vont commencer les négociations informelles dites du « Trilogue » cet automne et il y a plusieurs sujets sur lesquels les transformateurs doivent rester attentifs. En effet, les changements proposés par la Commission autour du régime d’importation  restent un sujet d’inquiétude car une évolution vers le principe de conformité aboutirait à un système à 2 niveaux : des accords commerciaux fondés sur l’équivalence pour les pays tiers dotés de marchés bio développés et une demande de conformité totale pour les pays en développement, ce qui aurait pour effet probable de réduire la diversité des produit disponible sur le marché européen. D’un autre côté, le Conseil de l’Union Européenne envisage de laisser aux états membres la liberté de décider s’ils souhaitent ou non mener des contrôles annuels, ce qui conduirait inévitablement à un défaut d’harmonisation et à des conditions inégales entre les opérateurs des différents pays.

Concernant les OGM, la Commission a récemment proposé aux états membres des possibilités de dérogation afin d’interdire les importations de certains produits alimentaires et pour l’alimentation animale d’origine OGM. Ceci fait suite à un nouveau règlement européen qui autorise les Etats membres à refuser la culture d’OGM pour certaines raisons, même lorsqu’ils sont autorisés par l’Union Européenne.

Cette dérogations offerte aux Etats afin d’interdire l’importation de produits OGM est, en principe, impossible à mettre en œuvre dans le cadre marché commun européen. La proposition ne conférera donc pas de nouveaux droits ou de garanties aux gouvernements, aux professionnels ou aux citoyens et sera juridiquement plus fragile que les dérogations pour la culture d’OGM. C’est un enjeu de taille pour les opérateurs puisque l’Union Européenne pourrait autoriser l’importation de davantage de variétés d’OGM, chaque nouvelle variété augmentant le risque de contamination et les charges pesant sur le secteur biologique. IFOAM EU défend donc une interdiction générale de la culture des OGM et demande aux décideurs européens de mettre en place un système de responsabilité juridique en cas de contamination ainsi que l’application du principe pollueur-payeur.

Si vous êtes intéressés par la situation ailleurs en Europe, nous vous invitons à lire  notre récente étude sur les OGM qui propose un panorama des différentes mesures nationales sur la coexistence au sein de l’Union Européenne.

IFOAM EU participe au salon Natexpo depuis 2013. Que représente ce salon pour vous et les professionnels que vous représentez ?

Marco SCHLÜTER: La France est un acteur majeur de l’agriculture biologique et Natexpo est un lieu de rencontre pour les professionnels français et étrangers, une plateforme d’échange et de développement pour ce marché clé.

En tant qu’organisation européenne pour les produits biologiques, il est très important pour IFOAM EU de rencontrer les acteurs de la Bio en France et de partager ses connaissances. Natexpo, c’est pour nous l’opportunité d’écouter les besoins des entreprises françaises, de comprendre l’actualité du marché français et de débattre sur les dernières évolutions réglementaires et politiques qui impactent le secteur. Pour les membres d’IFOAM EU, c’est aussi une excellente opportunité pour échanger entre professionnels.

En quoi consiste la participation d’IFOAM EU à Natexpo 2015 ?

Marco SCHLÜTER: IFOAM EU est fier d’être partenaire de Natexpo et nous sommes honorés d’être présents aux côtés de Natexbio, Synabio, Agence Bio et France Vin Bio. Nous sommes également ravis de présenter aux visiteurs du salon un état des lieux des récents développements au niveau européen ainsi qu’une introduction avec les acteurs qui protègent leurs intérêts au niveau institutionnel Europe.

Durant la conférence “L’impact de l’Union Européenne sur les intérêts du marché bio”, nous analyserons les conséquences des politiques européennes et en particulier de leurs impacts et leurs coûts sur les entreprises biologiques. De plus, nous présenterons une comparaison entre la représentation des intérêts de l’agriculture conventionnelle et du secteur biologique auprès des institutions qui forment le cœur de l’Union Européenne

Propos recueillis par Natexpo

Classés dans :


Articles récents dans la même catégorie

+

Inscrivez vous à notre newsletter

Vous acceptez de recevoir nos derniers articles par email
Vous affirmez avoir pris connaissance de notre Politique de confidentialité.