Entretien avec Pascale Cartier, présidente de la Vie Saine
Présidente de La Vie Saine depuis 2017, Pascale Cartier a rapidement pris ses marques dans la distribution spécialisée bio. Portrait de cette cheffe d’entreprise, militante du bien, du bon et du sain qui entend donner un nouvel élan à son réseau de proximité.
Natexbio : Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et votre engagement dans la bio ?
Pascale Cartier : Après plusieurs années passées dans les cosmétiques de luxe sur le marché français et dans les duty free, je me suis rapprochée de la distribution en prenant la tête des boutiques et services d’aéroports de Paris. C’est là que la passion du retail m’est venue et s’est ajoutée à mon amour pour les beaux et bons produits. J’ai ensuite rejoint Monoprix (toujours cet ADN de qualité) pour prendre la Direction de l’offre et des achats beauté tout d’abord puis beauté et alimentaire ensuite. J’avais trouvé l’enseigne idéale pour laisser libre cours à mon goût pour les belles et bonnes choses : la qualité, le savoir-faire artisanal, les AOP et IGP. Très vite s’est imposée l’idée que cela n’était pas incompatible, au contraire, avec l’idée de manger sain et bon pour la santé. D’où le lancement de l’opération « Mangeons mieux pour de bon » qui allie les deux et embarque la bio bien évidemment. J’ai dès lors toujours continué dans cette voie.
Natexbio : En 2017 vous rachetez la Vie Saine. Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Yves Remy, le petit-fils du fondateur de votre enseigne ?
Pascale Cartier : Notre rencontre s’est faite de façon classique, par le biais d’une banque d’affaires à laquelle Yves avait confié la cession de son entreprise. Il cherchait quelqu’un pour transmettre et pas seulement céder au sens strictement financier. Transmettre l’historique, les valeurs de l’entreprise et perpétuer l’engagement familial ainsi que le nom La Vie Saine. J’avais des convictions et besoin d’un socle qui ne soit pas purement opportuniste, nous nous sommes trouvés et même si le rapport cédant repreneur n’est pas toujours simple, je respecte ce qu’il a accompli et je pense pouvoir dire que nous partageons une forme d’affection l’un envers l’autre.
Natexbio : Comment définiriez-vous le positionnement de La Vie Saine ?
Pascale Cartier : Une enseigne à taille humaine, à l’ambiance familiale et qui, à la différence de concurrents qui décident à la place de leurs clients, prend le parti de les informer, de les éduquer et de les laisser faire leurs propres choix en tant que citoyen comme en tant que personne.
Natexbio : Dans un contexte où la concurrence est de plus en plus rude sur le marché de la bio, comment comptez-vous différencier ?
Pascale Cartier : Vous me permettrez de ne pas répondre car c’est bien là le nerf de la guerre. Toutefois, quand on a la chance de s’appeler La Vie Saine cela ouvre un champ des possibles plus large que la seule bio.
Natexbio : Votre dernière innovation en date est l’intégration totale de pôles de transformation bio (boucherie et boulangerie). Avez-vous d’autres axes d’innovation ?
Pascale Cartier : Nous travaillons à l’ouverture d’une boulangerie physique au-delà du fournil mais cela reste encore à l’état de projet.
Natexbio : Certains acteurs de la distribution bio ont développé leur offre sur internet, y compris sur Amazon pour Naturalia. Quelle est votre vision de la vente en ligne ?
Pascale Cartier : Cela risque de devenir incontournable à terme, a minima le format click and collect. C’est trop tôt pour La Vie Saine car nous sommes encore en train de poser des fondamentaux techniques solides notamment avec notre changement de système informatique en cours. Il faut garder également en tête que c’est un business model dilutif de rentabilité.
Natexbio : Avez-vous identifié une évolution du consommateur bio et de ses attentes ? Plus généralement, comment voyez-vous le futur des réseaux spécialisés bio ?
Pascale Cartier : Bien malin qui peut répondre à cette question les lignes bougeant tellement vite en ce moment entre certaines enseignes spécialisées en difficulté et la GMS dont la formule de succès « % évolution part de linéaire et part d’offre = % évolution du CA » finira par ralentir quand l’asymptote se rapprochera. La vraie question n’est pas « si » mais « quand » et quel impact cela aura sur les magasins spécialisés. De plus, je suis convaincue que les attentes des clients vont aller vers plus d’ascétisme nous obligeant à inventer des modèles de retail solides malgré de la décroissance. Et courir après les ouvertures ne fera là encore que diluer la valeur.
Natexbio : On dit souvent que le conseil est la clef de voûte du magasin bio. Quelle importance accordez-vous à la formation de vos équipes ?
Pascale Cartier : Pas encore suffisante c’est certain. Cela reste un sujet à empoigner.
Natexbio : Le salon Natexpo de Villepinte a fermé ses portes il y a quelques semaines. Quel est votre bilan de cette dernière édition ?
Pascale Cartier : J’ai été marquée dans cette édition par l’évolution technique et écologique des solutions pour le vrac ouvrant de nouvelles opportunités. Le hic, cela reste souvent très cher. A part ça, un salon à l’organisation toujours bien rôdée et qui permet de rencontrer tout le milieu de façon concentrée. Personnellement, j’ai une préférence pour le site de Lyon.
Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?
Pascale Cartier : La pratique quotidienne de la cohérence cardiaque. 5 minutes d’exercices de respiration calme en conscience matin et soir (oui je sais normalement c’est trois fois par jour pour en tirer tous les bénéfices). Je me connecte sur Youtube et choisis les exercices de « premier marathon » qui sont mes préférés.
Propos recueillis par Natexbio
Classés dans : Distribution bio Tous