Entretien avec Jacques Minelli, directeur commercial de Satoriz

27 juin 2017

Jacques Minelli est le directeur commercial de Satoriz, enseigne spécialisée bio créée en 1981. Il nous parle des valeurs et du positionnement original de Satoriz qui compte aujourd’hui 33 magasins bio en France.

Natexbio : Pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel ? Depuis quand travaillez-vous dans le secteur bio ?

Jacques Minelli: Mes débuts remontent à 1982. J’avais un bon diplôme en poche, mais aucune envie de mettre une cravate, ni de devoir prendre une voiture pour aller bosser, pas plus que de quitter ma ville, Grenoble. Pas facile ! J’ai commencé doucement comme vendeur de pain bio, une activité qui cochait toutes les cases… Puis j’ai été vendeur en magasin bio, responsable de magasin… J’ai changé de crèmerie et suis arrivé chez Satoriz en 1996, des gens incroyables ! Ils m’ont fait confiance, et je suis devenu directeur commercial en 2000.

Natexbio : Comment est née Satoriz ?

Jacques Minelli: Georges Quillet a fondé l’activité en 1981, par passion pour le bio. Il vendait sur les marchés, en Savoie principalement. Il s’est associé avec Serge Ancillon, un client et ami qui avait entre temps ouvert un magasin à Annemasse. Satoriz a dès lors régulièrement ouvert des points de vente, mais sans jamais aller plus vite que la musique. Aujourd’hui, Georges a transmis à son neveu Aodren Quillet, une transition qui s’est faite tranquillement.

Natexbio : Quelles sont les valeurs qui animent votre entreprise au quotidien ?

Jacques Minelli: Pas facile de figer tant de vie avec quelques mots… En interne, je dirais que Satoriz encourage l’autonomie de chacun. Côté ouverture sur notre monde, il me semble que Satoriz s’efforce de servir le bio, en essayant de valoriser ses principes fondateurs.

Natexbio : Quelle importance accordez-vous à la formation de vos équipes ?

Jacques Minelli: Primordiale. Elle est d’abord informelle, car chacun doit apprendre par soi-même, en lisant, en écoutant, en consommant les produits que nous vendons, ce que nous encourageons très fortement, notamment financièrement. Elle est également formelle par un vaste programme de formation propre à l’entreprise. La bonne qualité des intervenants et la curiosité active de nos équipes rendent ces rencontres souvent passionnantes.

Natexbio : Quels sont vos critères pour référencer vos fournisseurs ? Travaillez-vous avec des producteurs et des transformateurs locaux ?

Jacques Minelli: Je me rappelle Georges Quillet m’expliquant que notre manière de choisir nos fournisseurs n’est pas très rationnelle, mais qu’elle est probablement aussi efficace qu’un système qui prétend l’être… 20 ans après, il y a toujours un peu de ça… Il n’y a pas de règles, ça dépend du moment, des rencontres… On favorise les fournisseurs qui s’impliquent vraiment dans le bio, qui sont proches de nous, avec lesquels on s’entend bien, et on essaie que ça dure…

Natexbio : Pour quelle(s) raison(s) avez-vous développé des restaurants bio ?

Jacques Minelli: C’est encore une histoire de passion : Babette Quillet, l’épouse de Georges, est bonne cuisinière. Elle a eu l’envie de monter un restaurant à Albertville, et elle l’a fait. C’est la Cantine bio. Depuis, ça suit son cours, on ouvre un restaurant lorsqu’on identifie une véritable motivation. Les clients apprécient.

Natexbio : Votre enseigne semble très impliquée dans l’action culturelle locale ? Est-ce une façon de s’inscrire davantage dans votre territoire ?

Jacques Minelli: On peut voir ça comme ça. Cette implication est vraiment à l’image de Satoriz, qui évolue avec les gens, parmi les gens. L’activité culturelle n’est pas le moins plaisant des aspects de la vie en société !

Satoriz Champagne au Mont d’Or | Magasin alimentation bio, vente produits biologiques à Lyon

Natexbio : La promesse de votre signature de marque est « le bio pour tous » Quelle est votre définition du bio pour tous ?

Jacques Minelli: C’est un slogan que Satoriz a adopté dans les années 90, spontanément. Si on cherche à l’analyser, on peut y voir trois aspects : l’aspect tarifaire, bien sûr, mais nous n’avons pas pour autant l’obsession d’aller au moins cher, car c’est une logique destructrice lorsqu’elle est trop poussée. Il y a l’aspect partage : le bio est une notion que nous devons développer, dans l’intérêt de tous et de chacun. Et puis il y a l’ouverture : Satoriz n’est pas dogmatique. Nous sommes ouverts à toutes les pratiques alimentaires, qui relèvent du choix de chacun.

Natexbio : Comment réagissez-vous au rachat par Amazon de la chaîne de supermarchés biologiques Whole Foods ?

Jacques Minelli: Le bio a gentiment investi Internet, normal. Les petits ont commencé à faire mumuse, en attendant que les gros rappliquent. Aujourd’hui, c’est donc Internet qui investit le bio. Normal, encore. Ce type de vente prendra sa place, moyenne, grosse ou énorme, on verra bien. Les magasins garderont la leur s’ils apportent de la vie, du sens, de la compétence, du plaisir aux consommateurs.

Natexbio : En tant qu’administrateur de Synadis Bio, quel rôle doit jouer le syndicat des distributeurs spécialisés bio selon-vous ?

Jacques Minelli: On se doit de représenter notre profession, constituée de commerçants. Mais on doit continuellement avoir à l’esprit qu’il faut dépasser l’idée du commerce pour valoriser celle du bio, notre raison d’être, et celle pour laquelle les consommateurs nous font confiance. Le bio est un projet agricole, social, environnemental ; le Synadis doit veiller à ce que les logiques commerciales ne le relèguent pas.

Natexbio : Serez-vous présent à la prochaine édition de Natexpo qui se tiendra du 22 au 24 octobre prochains ? 

Jacques Minelli: Bien sûr ! Et c’est un plaisir. Celui de retrouver nos partenaires fournisseurs, de voir et déguster ce qu’ils ont de bon à nous proposer… Nous évoluons dans un milieu très sympa, quelle chance ! Ce salon est une des occasions de donner corps à notre milieu.

Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Jacques Minelli: J’essaie de manger bien, de boire bon, je vais au boulot à vélo… Est-ce suffisant ?… Pour le reste, je me garderai bien de donner des conseils, car nous sommes tous différents ; mais je souhaite à chacun d’avoir la chance d’évoluer dans un milieu favorable, et si c’est le cas, de tout faire pour le préserver et l’enrichir. Bonne route à tous !

Propos recueillis par Natexbio

Classés dans :


Articles récents dans la même catégorie

+

Inscrivez vous à notre newsletter

Vous acceptez de recevoir nos derniers articles par email
Vous affirmez avoir pris connaissance de notre Politique de confidentialité.