Entretien avec l’équipe de Rose Betterave
L’enseigne bio Rose Betterave ouvre ses portes cet été à Armentières (59). Son trio dynamique de créatrices constitué d’Agathe, Isabelle et Marion, nous présente le concept original de ce magasin bio indépendant qui a récemment rejoint Synadis Bio.
Natexbio : Pouvez-vous nous présenter votre équipe ? Quelle est la date d’ouverture de votre magasin ?
Rose Betterave : L’équipe s’est formée en 2016. Il s’agit, pour nous trois, d’une reconversion professionnelle, après des parcours divers : Agathe et Isabelle travaillaient ensemble dans l’industrie, Marion dans la culture. Depuis quelque temps, nous souhaitions changer d’horizon… Nous avions envie d’une nouvelle aventure professionnelle en cohérence avec nos valeurs.
Nous-mêmes consommatrices bio dans le secteur d’Armentières, nous savions que cette offre n’existait pas, à moins de faire 20 minutes de route en voiture. L’idée a germé, confortée par une étude de marché, et le projet s’est peu à peu affiné, jusqu’à l’ouverture, prévue avant la fin de l’été.
Natexbio : Quel est le concept de Rose Betterave ? Que proposez-vous ?
Rose Betterave : L’objectif de départ, c’est de rendre la bio accessible en centre-ville. Il fallait pour cela non seulement créer une offre qui n’existait pas encore, mais aussi que les gens réalisent qu’ils peuvent y accéder et donc tordre le cou à quelques idées reçues : montrer que ce n’est pas « forcément sans goût », « forcément cher » ni « forcément compliqué » d’avoir une consommation plus responsable.
Pour y parvenir, nous avons imaginé un concept qui permettrait aux gens de goûter les produits, mais aussi de s’informer sur les démarches éco-responsables… Et voilà Rose Betterave, qui est à la fois un commerce de détail dans lequel faire ses courses usuelles, un restaurant le midi et un espace dans lequel seront organisés des ateliers.
Dans un souci de cohérence, nous proposerons un maximum de produits en vrac et locaux et le tarif des ateliers doit permettre à chacun de venir y participer.
Natexbio : Vous proposez des ateliers. Quelles thématiques allez-vous animer ?
Rose Betterave : Il faut bien l’avouer, quand on entre dans un magasin bio pour la première fois et que l’on se retrouve devant des graines de chia, de la purée d’amande, ou, dans nos régions, pas grand’chose d’autre que des courges l’hiver, il n’est pas évident de savoir comment préparer ces produits sans se ruiner, sans dégoûter toute la famille et sans se compliquer trop la vie.
Au fil de la construction de notre projet, nous avons croisé de nombreuses personnes ou associations, dont la compétence et la bonne humeur nous permettront de proposer des ateliers enthousiasmants de cuisine. Mais pas uniquement : fabrication de produits d’entretien, initiation à la phytothérapie, etc.
S’il nous est possible, aujourd’hui, d’animer nous-mêmes des temps d’information sur des sujets courants comme « je me lance dans une démarche zéro déchet », de partager nos recettes préférées de barres de céréales ou notre expérience avec les couches lavables, pour l’essentiel, les ateliers seront animés par des professionnels… On ne s’improvise pas diététicien, puéricultrice ou naturopathe !
Natexbio : La création et le lancement d’une entreprise représentent une opération délicate. De quels atouts disposez-vous pour maximiser vos chances de réussites ? Comment se répartissent les responsabilités entre vous trois?
Rose Betterave : Nous avons commencé à travailler sur ce projet en mars 2016 et nous voilà enfin prêtes à ouvrir en septembre 2017 ! C’est vrai, ouvrir un magasin est long, et pourtant ce n’est que le début de l’aventure.
Nous avons bénéficié des conseils avisés de plusieurs partenaires pour peaufiner le projet et nous guider dans les démarches administratives, la recherche de financements, de fournisseurs, de prestataires… Certains continueront à nous accompagner durant les premières années de l’entreprise. Dans cet esprit, nous avons aussi adhéré à plusieurs réseaux, tels que Synadis Bio ou le Réseau Vrac, au sein desquels nous trouverons les informations et les formations essentielles tout au long de la vie du magasin. Ces réseaux permettent également d’échanger avec d’autres porteurs de projets ou commerçants en activité et ces échanges sont précieux pour prendre les bonnes décisions.
Etre à trois au sein de l’équipe, avec des profils différents, nous a permis de nous répartir dès le début tous les aspects de la création, du lancement et de la vie du magasin… Par exemple, Agathe, qui a le plus d’expérience, s’occupe du management. Isabelle gère la veille réglementaire. Marion s’occupe de l’administratif. Et puis nous nous sommes attribuées les rayons en fonction de nos envies, de nos habitudes de consommation. Bien sûr, cette répartition, encore très théorique, évoluera sans doute lorsque le magasin sera en fonctionnement.
Et s’il n’est pas toujours facile d’être d’accord sur tout, notre complémentarité est évidemment une richesse. Surtout, ça fait du bien d’être dans une équipe pour affronter le parcours du combattant qu’est la création d’entreprise !
Natexbio : Quel est votre dispositif de communication pour faire connaître Rose Betterave ?
Rose Betterave : L’enjeu pour nous est de nous faire connaître dans le secteur sans inonder les boîtes aux lettres de papier et sans polluer le paysage. Comme pour tous les aspects de la vie du magasin, nous sommes dans un objectif de zero-déchet !
Jusqu’à présent, nous avons fait des animations où nous proposions des jus de fruits à l’extracteur. Cela nous permettait d’expliquer aux gens ce que serait Rose Betterave et de discuter un peu des habitudes de consommation, de recueillir les envies, les questions… Et beaucoup d’encouragements, aussi.
Nous avons déjà une page Facebook et un site Web qui seront sans doute nos principaux canaux d’information. Un petit programme papier, détaillant les menus et la programmation des ateliers, est aussi en préparation.
Natexbio : Allez-vous travailler avec des producteurs et des transformateurs bio locaux ?
Rose Betterave : C’est notre premier objectif : valoriser la bio locale ! D’autant que nous avons la chance, dans notre secteur, d’avoir un certain nombre de producteurs et de transformateurs. Même si nous savons qu’il ne nous sera pas possible d’avoir une offre complète avec les seuls produits de notre région, il est hors de question de vendre des haricots en boîte qui viennent de Madagascar.
Natexbio : Comment voyez-vous votre rôle par rapport aux consommateurs ?
Rose Betterave : Rose Betterave est avant tout un magasin mais l’idée est d’aller au-delà et d’en faire un espace d’échanges, de rencontre, de réflexion, idéalement en intégrant producteurs, transformateurs et consommateurs… Ce qui nous a frappées en discutant avec les personnes rencontrées sur nos stands de jus, qu’elles consomment bio ou non, c’est le besoin d’information, de sensibilisation sur la bio et les modes de consommation respectueux de l’homme et de l’environnement.
Les gens sont en demande, mais ils ont aussi un avis sur la question et font parfois des choses qui relèvent de démarches éco-responsables, sans en avoir conscience. Il apparaît essentiel que chacun puisse s’exprimer sur ses attentes en tant que consommateur, mais aussi partager ses propres « trucs ». Il nous semble que c’est comme cela que nous pourrons faire progresser des modes de consommation plus responsables.
Natexbio : Serez-vous présent à la prochaine édition de Natexpo qui se tiendra du 22 au 24 octobre prochains ?
Rose Betterave : Fin octobre, nous devrions fêter notre premier mois d’ouverture… Difficile pour nous de nous projeter mais nous aimerions nous y rendre !
Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?
Rose Betterave : Un jus pomme-betterave, pour démarrer la journée ! C’est plein de bonnes choses, ça vient de chez nous, et la couleur a donné son nom à notre petite entreprise ! Si vous avez l’occasion de passer par Armentières, vous pourrez l’essayer dans notre bar à jus !
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