Entretien avec Sébastien Loctin de Quintesens

Sébastien Loctin est le dirigeant fondateur de Quintesens, société spécialisée dans la fabrication d’huiles et d’assaisonnements bio. Il nous parle de son histoire entrepreneuriale et de son engagement pour une nutrition saine.

Natexbio : Pouvez-vous nous raconter votre histoire et celle de Quintesens ?

Sébastien Loctin : Papa de 2 jeunes enfants, j’ai effectué une partie de ma carrière dans de grands groupes agro-alimentaires. Près de 13 années qui m’ont permis d’apprécier les dérives alimentaires et manipulations marketing responsables de nombreux déséquilibres nutritionnels et environnementaux. Force est de constater que notre alimentation est devenue une des premières causes de mortalité et impacte durablement notre planète. Les scandales se multiplient. Le consommateur et la planète ne sont clairement pas au cœur des préoccupations des multinationales alimentaires. Ce n’est pas acceptable. J’ai voulu changer ça. J’ai donc tout quitté pour créer une marque experte, utile, intègre et bienveillante.

A travers Quintesens, j’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice d’une alimentation saine, équilibrée et naturelle pour tous.

Natexbio : Créer une entreprise de produits transformés bio est un défi de taille. Vous êtes allé chercher un soutien auprès du Synabio en participant aux « Jeunes pousses de la bio ». Quel est votre retour d’expérience ?

Sébastien Loctin : Créer une entreprise est un défi de taille – surtout en France – quelque soit le secteur d’activité. Mais c’est un défi passionnant et très riche sur un plan personnel. Créer son entreprise permet aussi d’aligner ses convictions personnelles et ses ambitions professionnelles. C’est très cohérent mais la réussite n’est pas un parcours linéaire. Les aléas sont nombreux et quand on est une petite structure le temps n’est pas un allié. Il faut réussir à se faire connaître, à démontrer l’intérêt de ses produits, et leur permettre d’accéder le plus rapidement possible aux consommateurs.

Le groupe de travail « les Jeunes Pousses de la Bio » que nous avons initié au sein du Synabio avec 4 autres entrepreneurs est une initiative intéressante qui répond en partie à ces problématiques.  L’équipe du Synabio a été formidable en appréhendant parfaitement les enjeux qui sont les nôtres. Le Synabio a permis de structurer ce projet et de confronter distributeurs et entrepreneurs avec des résultats aujourd’hui concrets dans certaines enseignes. Cette initiative des « Jeunes Pousses » est aussi l’occasion de se retrouver et d’échanger entre entrepreneurs sur des enjeux communs. J’encourage vraiment d’autres jeunes pousses à rejoindre l’initiative.

Natexbio : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un porteur de projet qui souhaiterait entreprendre dans la bio ?

Sébastien Loctin : Qu’il s’assure que son idée soit sincèrement utile et qu’elle apporte une valeur ajoutée suffisante aux consommateurs pour susciter l’intérêt des distributeurs.

Par ailleurs, le projet doit être pensé dans sa globalité, au delà du produit. Il faut s’engager sur un chemin vertueux qui implique la manière de concevoir et de produire, mais aussi la qualité des relations avec ses collaborateurs, ses fournisseurs, ses clients…

Enfin, il ne faut pas s’isoler mais rencontrer, échanger et partager. Partager ses idées, ses convictions, ses réseaux, son temps…  Partager le savoir enrichit et n’appauvrit jamais.

Natexbio : Les acteurs de la filière bio sont très concernés par la Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). Comment les valeurs de la bio sont-elles intégrées au sein de votre organisation ?

Sébastien Loctin : Quintesens n’est pas seulement une marque d’aliments sains et biologiques. C’est surtout un projet d’entreprise voulu le plus vertueux possible. Chacun de nos actes nous engage et a un impact sur notre environnement qu’il s’agisse des consommateurs de la planète, des collaborateurs… Nous avons pensé notre projet de manière globale afin d’en faire pour tous une expérience agréable et épanouissante.

D’un point de vue environnemental, nous sommes vigilants à ce que 100% de notre électricité consommée soient d’origine renouvelable. Nous roulons en voiture électrique et nous déplaçons en TGV. Nos produits sont Bio, conçus et fabriqués en France. D’un point de vue social, je veille à ce que les collaborateurs partagent nos valeurs, se sentent utiles et s’épanouissent dans un projet et un environnement de travail agréables. Par exemple, nous avons fait auditer nos bureaux par l’inspection de la médecine pour un confort et une sécurité optimale. Nous avons un plan de formation à 3 ans, et le bureau dispose d’un coin cuisine et d’un potager d’herbes aromatiques collaboratif.

Quintesens a été élue « Entreprise Remarquable » par Initiative France et nous sommes lauréats du dispositif CEDRE de la région PACA qui accompagne 12 entreprises vertueuses chaque année. C’est donc naturellement que nous avons créé un poste à mi-temps dédié à la mise en place d’une politique RSE structurée et structurante pour tous. L’objectif est d’être certifié « Bioentreprisedurable » et BCorp avant fin Juin 2017.

Natexbio : Quintesens est une manière de vous engager pour une alimentation plus saine. A ce titre, vous avez témoigné aux Rencontres de Natexbio 2016 sur le thème « Bio et bien-être physique ». Pouvez-vous nous parler de ce lien étroit entre la Bio et la santé ?

Sébastien Loctin : Une bonne santé est régie par 3 postulats alimentaires : la qualité nutritionnelle des aliments, la diversité alimentaire, et ce que j’appelle la naturalité naturelle (= le bio).

Le Bio n’est pas le seul garant d’une bonne santé mais c’est un maillon essentiel de la chaine puisqu’il va de manière directe préserver notre organisme d’un cocktail de pesticides, d’herbicides, de fongicides… dont les effets sur la santé sont encore méconnus mais jugés potentiellement très sérieux.

En outre le cahier des charges Bio interdit ou limite très fortement l’utilisation d’arômes, de conservateurs, de colorants et autres additifs chimiques qui n’ont rien à voir avec de l’aliment et qui ne peuvent qu’avoir des effets délétères sur l’organisme.

Enfin, à plus grande échelle, le Bio c’est la préservation de la planète en limitant les traitements phytosanitaires. Nous sommes donc moins exposés aux risques de contaminants et donc de maladies.

Chez Quintesens, il est inconcevable de produire des aliments sains s’ils ne sont pas au minimum Bio !

Natexbio : Parmi la gamme de produits que vous proposez, on trouve celle des ‘huiles bio santé’. S’agit-il d’une formule marketing ou d’une appellation officielle certifiant les qualités nutritionnelles de vos huiles ?

Sébastien Loctin : Il s’agit de leur appellation produit. Nos assumons tout à fait qu’il s’agisse à l’origine d’une démarche marketing, ce n’est pas un gros mot. Le marketing c’est comme le gras, il y a le bon et le mauvais !

On est habitué depuis 30 ans au mauvais marketing, celui qui enrichit l’industriel au dépend du consommateur.

Pourtant en école de commerce on m’enseignait que le marketing c’était de se préoccuper d’un véritable besoin consommateur et d’y répondre de manière efficace, durable et sincère. Je suis juste revenu à ce principe éducatif et je l’ai applique à nos huiles Bio Santé.

Elles ont été élaborées par des nutritionnistes et des naturopathes à partir des besoins nutritionnels spécifiques des consommateurs. Des besoins qui évoluent selon notre âge et qu’il convient de satisfaire pour enfin en finir avec les déficits courants.

Nos huiles sont les seules à couvrir précisément les besoins de chacun selon son âge, et à bénéficier d’allégations très fortes sur le cerveau, la rétine et le cœur mais aussi sur la protection cellulaire et le cholestérol. Toutes les allégations dont bénéficient nos produits ont été validées par les Autorités de sécurité alimentaire Européennes. Ces huiles ont remporté plus de 13 trophées nationaux et n’ont aujourd’hui aucune équivalence sur le marché.

Natexbio : Vos huiles sont labellisées Agriculture biologique. Comment avez-vous organisé vos approvisionnements pour vous assurer que vos matières premières sont bio ?

Sébastien Loctin : C’est une exigence inscrite dans nos cahiers des charges pour chaque produit.

Sur toute la chaîne, nous ne travaillons qu’avec des acteurs certifiés Bio par Ecocert. Nous les visitons 2 fois par an et les invitons à nous transmettre les certificats de leurs propres fournisseurs ainsi que les analyses aléatoires qu’ils réalisent sur nos lots. 

Par ailleurs en interne, nous avons mis en place un plan de contrôle qui prévoit des analyses complètes sur nos produits (pesticides mais aussi tout autre contaminants et chaine d’acides gras). C’est un sacré budget mais nous le devons à nos consommateurs.

Nous allons même sur certains produits au delà de la certification BIO en interdisant l’utilisation de certains additifs autorisés en Bio (Carraghénane, xanthane…).

Natexbio : Vous vendez des huiles bio pour tous les âges et toutes les périodes de la vie. Pourquoi avez-vous mis en place cette segmentation ?

Sébastien Loctin : Parce qu’elle est naturelle et imposée par notre nature.

Nous n’avons pas « inventé » cette segmentation. Ce sont les experts santé qui l’ont établi à partir de nos caractéristiques physiologiques.

Aujourd’hui, la science sait parfaitement quels sont nos besoins nutritionnels précis en fonction de notre âge. On sait par exemple de quelle quantité d’oméga 3 ou de Vitamine E on a besoin au quotidien pour rester en bonne santé. Ce besoin évolue et il n’est évidemment pas le même à 6 mois ou à 60 ans.

Nos huiles suivent simplement les recommandations nutritionnelles pour chaque nutriment selon la période de la vie concernée. Tout doit commencer par le consommateur.

Natexbio : Comment vos huiles bio sont-elles distribuées ? Sont-elles vendues à l’étranger ?

Sébastien Loctin : Lorsque nos produits ont été certifiés AB, nous avons fait le choix de privilégier les magasins biologiques spécialisés et les sites internet alimentaires Bio.

Nous sommes très régulièrement sollicités par la Grande-distribution mais je considère que les magasins Bio nous offrent davantage de possibilités collaboratives et une meilleure visibilité dans leurs magasins. C’est aussi un parti-pris engagé pour une Bio vertueuse auprès d’acteurs responsables de ce qu’ils mettent en rayon.

En tant qu’entrepreneur-consommateur, je trouve rassurant que ces distributeurs nous challengent sur nos produits, leur composition, leurs origines… ça tire vers l’excellence.

Ce choix permet aussi à nos clients de disposer de produits innovants, différents et exclusifs à leur circuit. C’est un deal gagnant pour tous.

Nos produits sont universels et l’export représente près de 20% de nos ventes. Nous avons démarré avec succès en Belgique et en Allemagne. C’est clairement un levier de croissance important pour l’avenir.

Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Sébastien Loctin : Il y en a beaucoup mais je citerai sans hésiter la maxime d’Hippocrate qui a inspiré Quintesens : « Que ton alimentation soit ta première médecine ». La prévention par l’alimentation semble ingrate et pourtant les bénéfices d’une alimentation saine sont innombrables tant sur notre santé que sur notre planète et le bien-être animal.  

Je conseillerai donc à vos lecteurs d’être critique et exigent envers les marques alimentaires et de faire preuve d’un maximum de bon sens car comme disait Ruquier : « Avec toutes les saloperies qu’il y a dans l’alimentation, heureusement qu’il nous reste l’alcool pour oublier qu’on mange. » L’alimentation est un sujet sérieux qu’il faut parfois aborder avec humour…et rire est escellent pour la santé ;).

Propos recueillis par Natexbio