Faire du label Bio Entreprise Durable, le label RSE de tout le secteur Bio !

27 avril 2022

Lors de la création de la Maison de la Bio, un thème a naturellement fait consensus au sein des membres-fondateurs : la RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises.     

La RSE est un principe cher au secteur et fait parti de l’ADN de nos entrepreneurs. La volonté d’aller plus loin que les cahiers des charges et de conserver un œil critique, c’est notre socle commun. 

Alors, comment mutualiser l’ensemble des savoir-faire réunis au sein de la Maison de la Bio pour permettre aux entreprises du secteur de formaliser les bonnes pratiques mises en place par grand nombre d’entre elles ?

La solution qui s’est imposée était de capitaliser sur l’existant : rendre progressivement le label Bio Entreprise Durable, créé par le Synabio, accessible à l’ensemble du secteur.

label BioEd
Label BioEd

Et qui de mieux pour en parler que Anna Kolf, chargée de mission RSE du Synabio, et Giulia Ottavi, chargée de mission environnement et éthique pour Cosmébio, travaillant de concert pour déployer Bio ED auprès des entreprises de la cosmétique Bio ?

Anna Kolf, chargée de mission RSE du Synabio
Giulia Ottavi, chargée de mission environnement et éthique pour Cosmébio

Parlons du label Bio ED, pourquoi et quand a-t-il été créé ?

Anna Kolf : Le label Bio Entreprise Durable a été créé en 2014 par plusieurs adhérents du Synabio, des acteurs très engagés dans des démarches durables et responsables qui allaient bien au-delà de la transformation alimentaire des produits Bio.

Ces acteurs – des PME pour la plupart – se demandaient à l’époque comment formaliser cet engagement et s’emparer de la RSE, naturellement très proche des valeurs du secteur Bio, alors même que les outils existants étaient davantage pertinents pour les très grandes entreprises.

Le Synabio et nos adhérents ont donc choisi de développer un référentiel, basé sur un standard international (l’ISO 26000), mais adapté aux enjeux de la transformation agro-alimentaire Bio et à la taille des entreprises du secteur. 

BioED va au-delà du cahier des charges “produits” Bio, et permet à de petites entreprises de formaliser leurs bonnes pratiques et d’intégrer le développement durable au cœur de leur mission.

Combien d’entreprises sont labellisées et quelles sont-elles ?

AK : 57 entreprises sont labellisées à date, et bientôt 60 ! On a ressenti un réel intérêt de la part de nos adhérents pour BioED ces quelques dernières années.

Plus de 50% sont des PME, mais ce qui est intéressant c’est qu’on commence à avoir de plus en plus de jeunes pousses, des start-up de la bio avec seulement quelques salariés, qui se lancent dans la démarche et s’en servent comme un outil de structuration de service ou de fonctions support sur des volets variés comme la gouvernance, la réglementation, les ressources humaines, les achats, etc. 

L’outil est donc vraiment pensé pour rendre la RSE accessible à tous types d’entreprises Bio !

Quelle est la différence entre Bio ED et d’autres labels RSE existants ?

AK : Il existe aujourd’hui pléthore de labels RSE et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver.

Il y a tout d’abord des labels généralistes, tels que Bcorp ou Lucie, qui concernent tous les types d’entreprises et tous les secteurs.

Il y a ensuite des labels sectoriels, comme BioED ou encore PME+, qui concernent uniquement un secteur d’activité ou un type d’entreprise. BioED lui, est aujourd’hui le seul label RSE qui s’adresse aux PME de l’agroalimentaire bio. C’est un label BtoB qui gagne en visibilité et en notoriété auprès du réseau de distribution spécialisé bio (le logo ne peut être affiché sur les packs d’une entreprise).

Parce que certains labels peuvent être complémentaires, nous tâchons au quotidien de créer des ponts entre BioED et les autres labels qui entourent les entreprises. Par exemple, nous proposons des audits mutualisés avec le label PME+ qui s’adresse davantage aux clients GMS des entreprises. 

Il en va de même pour certains labels de commerce équitable ou qualité qui sont reconnus par le référentiel Bio ED et permettent aux entreprises d’aller plus vite dans les phases d’audit.

Nouveauté 2022 : le label BioED va s’ouvrir aux entreprises de la cosmétique Bio. Quel est l’enjeu de cette « adaptation » pour Cosmébio ?

Giulia Ottavi : Je peux faire le même parallèle avec la cosmétique Bio : c’est une demande faite par nos adhérents, cela fait plusieurs années qu’ils souhaitent aussi aller au-delà du Bio.

Nos adhérents répondent déjà à un cahier des charges exigeant, le référentiel COSMOS. En plus de cette certification, ils sont très mobilisés mais, paradoxalement, très peu formalisent leur démarche et l’engagement de leur entreprise.

Cosmébio propose un questionnaire d’engagement éthique, basé sur le Manifeste Cosmébio (mis à jour en 2021) pour inciter les adhérents à se pencher sur certaines questions, au-delà du référentiel COSMOS. Ce questionnaire annuel reprend les grands enjeux de la norme ISO 26000 : c’est une introduction à une démarche RSE plus globale.

C’est dans ce cadre que l’adaptation de BioED à notre secteur est très intéressante car nous avons une vision et des problématiques similaires. L’adaptation du référentiel permettra d’accompagner au mieux nos adhérents dans leur engagement pour une cosmétique plus éthique.

Quel est le contexte qui a permis ce partage, cette mutualisation ?

AK : Jusqu’à présent, seules les entreprises de transformation alimentaire Bio sont éligibles. 

Mais dès la création du label, l’idée était de pouvoir le mutualiser à l’ensemble des métiers de la filière Bio pour qu’elles parlent un seul et même langage de la RSE : coopératives agricoles, distribution spécialisée Bio, transformateurs agroalimentaire et bien sûr les entreprises de la cosmétique Bio.

Depuis 2020, des échanges ont débuté avec Cosmébio pour savoir si oui et comment adapter le référentiel BioED aux entreprises de la cosmétiques. 

La création de la Maison de la Bio en 2021 a donc permis de concrétiser une réflexion qui avait commencé à émerger dans les deux structures. 

GO : Il nous semblait évident au sein de Cosmébio que nous devions nous regrouper derrière un seul et même label RSE, pour permettre une harmonisation des démarches entre les différentes structures Bio.

Pouvez-vous nous expliquer la recette miracle pour que ça fonctionne ?

AK : L’objectif de la mutualisation est de faire avancer toutes les entreprises de la Bio vers une démarche plus responsable.

Dans la pratique, c’est plus complexe : c’est la première fois – dans mon expérience SYNABIO – qu’on travaille ensemble presque quotidiennement sur un projet vraiment concret entre deux syndicats de la Bio.  C’était un vrai défi de montrer que deux salariés de structures distinctes  peuvent faire avancer un projet commun, malgré des fonctionnements différents ! 

Des moyens ont été dédiés au projet du côté du Synabio et de Cosmébio et je ressens une vraie volonté d’avancer ensemble, des échanges réguliers, transparents et honnêtes sur comment mettre en œuvre cette expérimentation. Je pense que ça fonctionne car nous contribuons à un projet commun qui a été voté et affirmé par nos administrateurs dans le cadre de la Maison de la Bio.

Je soulignerai aussi que la gouvernance du label s’ouvre alors qu’il était restreint aux adhérents SYNABIO depuis 2014 ; c’est un signe de maturité de l’ouvrir demain à de nouvelles parties-prenantes et à prendre d’autres avis, à voir plus loin.

GO : De notre côté, nous avons défini les différents enjeux adaptés à la cosmétique Bio grâce à la consultation menée auprès de nos parties-prenantes où l’on s’est intéressés à ce qui définit une entreprise de cosmétique Bio engagée. Début 2022, nous avons pu formuler les exigences et commencer la rédaction du cahier des charges. 

Rien de tout cela n’aurait été possible sans notre groupe de travail dédié à BioED constitué d’entreprises adhérentes très impliquées dans la construction du référentiel.

En parallèle, le Synabio nous transmet son expertise  : vision historique du référentiel, points de contrôle,… 

L’engagement des adhérents Cosmébio et l’expertise du Synabio font que le cahier des charges sera prêt en juin et les premiers audits seront programmés pour cet été !

Et bientôt : d’autres métiers Bio concernés ?

AK : Ce qui est important c’est d’avancer tous ensemble sur un seul référentiel pour que le secteur Bio puisse se différencier par rapport aux autres secteurs. L’intérêt de la mutualisation est de donner un maximum de visibilité à ces acteurs de la Bio dont les engagements vont plus loin que le cahier des charges produit.

L’expérimentation a démarré concrètement avec Cosmébio mais le même projet de mutualisation est en cours avec Synadis Bio et sera sur les rails d’ici cet été. Quelques distributeurs ont déjà été labellisés mais il existe un réel enjeu pour la distribution Bio spécialisée de se différencier via un label RSE qui prennent en compte les enjeux au niveau des points de vente

Demain, tous les métiers de la filière Bio pourront s’engager dans cette démarche collective d’amélioration continue !

Pour plus d’information : https://bioed.fr/

Propos recueillis par La Maison de la Bio

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