Un hiver sous haute protection
Si certains ont déjà hâte de se retrouver en haut des pistes, d’autres redoutent les désagréments habituels de la saison froide. Comme chaque année, la prolifération de virus aura pour effet une multiplication des maladies respiratoires et des états grippaux. Mais devons-nous vraiment composer avec rhume, angine et moral en berne en attendant le retour de la belle saison? Pas forcément?
Code de bonne conduite
Certains animaux sont faits pour hiberner. Mais nous ne sommes pas de ceux-là. Pour passer l’hiver dans les meilleures conditions, restons en mouvement : pratiquons une activité physique régulière’. C’est la mesure d’hygiène numéro un, en particulier pour le système immunitaire. L’activité physique stimule tous les processus physiologiques, de la circulation sanguine à l’élimination des toxines, en passant par la digestion et même l’attitude mentale. Sans forcément chercher la performance, et surtout sans vous faire violence, sortez chaque jour, marchez, joggez si vous le pouvez, allez à la piscine. Là, la température de l’eau oscille généralement entre 27 et 29 °C, ce qui représente une hypothermie suffisante, conjuguée à l’effort de la nage, pour booster votre tonus. Vous avez certainement déjà vu ces images des baigneurs de Noël à Nice, ou de ces «anciens», en Russie, qui font trempette chaque jour dans un petit bassin creusé à même la glace d’un lac gelé. Rien de tel pour vous aiguiser la santé et narguer non seulement les virus, mais aussi bien d’autres bobos, comme les douleurs articulaires ou la fatigue chronique. Sans aller jusqu’à de tels extrêmes, se confronter au froid tous les jours en faisant de l’exercice en extérieur est suffisant pour rendre la plupart d’entre nous plus résistants.
Ce n’est plus un secret pour personne, nos défenses immunitaires nichent dans l’intestin. C’est donc le moment ou jamais de s’intéresser à ses boyaux ! Pour renforcer la flore intestinale, clé de voûte d’un système immunitaire performant, mangez beaucoup de légumes quotidiennement, ainsi que des fruits. Ils apportent les fibres qui maintiennent les intestins propres et fonctionnels, les minéraux et oligo-éléments, mais aussi des protéines facilement assimilables, des vitamines et des enzymes.
Vous l’aurez compris, il ne faut pas manger plus «riche» en hiver. Certains le recommandent sous prétexte que nous brûlerions davantage de calories à cause du froid. Quand on travaille toute la journée en plein air, probablement… Mais autrement, allégez au contraire votre consommation de viande, de produits issus du blé et de produits laitiers, et suivez les recettes et conseils que nous vous indiquons dans la rubrique nutrition (lire p. 48). Vous éviterez de déséquilibrer le microbiote et de produire des déchets métaboliques qui surchargent et donc fragilisent votre organisme. Et faites appel aux nombreuses plantes qui ont des propriétés adaptées à cette saison.
Boostez votre immunité
Un bon moyen de relancer son système immunitaire consiste à effectuer un petit «reset» immunostimulant. Pendant deux à trois jours, une alimentation bien calibrée suffit à faire son effet. La première journée, après un petit-déjeuner frugal, vous mangerez exclusivement des légumes midi et soir, ce qui stimulera le transit et commencera le nettoyage intestinal. La deuxième journée, toujours après un petit déjeuner frugal, associez riz et pommes, midi et soir. Et le troisième jour, selon le même schéma, faites-vous des pommes de terre vapeur. Quotidiennement, veillez à boire beaucoup d’eau. Une tisane de mélisse, fenouil et bardane donnera un petit coup de pouce pour stimuler la digestion, calmer les éventuels spasmes intestinaux, et faciliter le rééquilibrage de la flore intestinale.
En plus d’une alimentation recalibrée, riche en légumes, aidez-vous des plantes adaptogènes pour renforcer encore vos défenses et votre vigueur. Ginseng, éleuthérocoque, shizandra et rhodiole peuvent tous convenir. Mais il en est une qui est spécialement indiquée en hiver: c’est l’échinacée. Originaire d’Amérique du Nord, très prisée par les grandes tribus amérindiennes (Cheyenne, Comanche, Crow…) l’échinacée est un puissant dépuratif de l’organisme et un excellent antiseptique. Banalisée, elle reste une valeur sûre pour stimuler les circulations sanguine et lymphatique, accroître l’efficacité et la diffusion des globules blancs, et donc réduire les symptômes en cas de grippe ou d’infection des voies respiratoires. prendre sous forme d’extrait alcoolique, de tisane, ou de suspension intégrale de plantes fraîches (ce procédé revendique la conservation de l’intégralité des constituants).
Du côté des macérats de bourgeons, le cassis (Ribes nigrum) peut être considéré lui aussi comme un adaptogène, tant ses vertus régulatrices sont nombreuses. À l’approche de la saison froide, il est précieux pour son action stimulante sur les glandes surrénales, mais aussi sur les reins, le pancréas et le foie. L’extrait de bourgeons de cassis est également efficace sur le plan respiratoire en cas d’asthme, de bronchites et de rhinites. Tonique, il est particulièrement recommandé aux personnes fatiguées. On peut le prendre sans contre-indication sur une longue période. On pourra lui associer le macérat de bourgeon d’églantier (Rosa canina), plante dont les fruits (cynorrhodons) sont connus pour leur richesse exceptionnelle en vitamine C. L’extrait de bourgeon d’églantier renforce les défenses naturelles de l’organisme et convient très bien aux enfants pour les aider à passer la saison hivernale au meilleur de leur forme.
Réagir aux premiers signaux
On a beau se prémunir, il peut tout de même arriver que la gorge commence à donner des signes d’irritation ou qu’un état grippal s’empare de nous tout à coup. La bonne nouvelle, c’est que si vous avez pris quelques mesures de prévention, rhume, bronchite et autre grippe seront d’autant moins virulents et passeront d’autant plus vite. Observez autour de vous celles et ceux qui ne font rien, mais courent chez le médecin au moindre tressaillement : leur rhume ou leur état grippal prennent souvent une forme larvée et finissent par durer des semaines, malgré les médicaments (ou peut-être à cause d’eux ?). C’est que rhume et grippe ne se manifestent pas uniquement par hasard. Ils sont souvent aussi un moyen pour l’organisme de se nettoyer grâce à une forte et brève poussée de fièvre, ou d’exprimer sa fatigue et son besoin de repos. Dans tous les cas, dès les premiers signes, on aura recours à la vitamine C, naturelle bien entendu. Tous les processus métaboliques, en particulier ceux relatifs à l’immunité, sont plus efficaces avec un apport en vitamine C optimisé. Choisissez de préférence de l’acérola, et prenez-en de manière à totaliser entre 3 et 4 grammes de vitamine C quotidiennement pendant votre épisode maladif.
Comme les ennuis commencent le plus souvent au niveau du nez et de la gorge, autant agir tout de suite sans attendre que le mal ne gagne les bronches. Le réflexe de nettoyer un nez qui coule avec du sérum marin est maintenant assez courant, mais ce n’est pas forcément la meilleure solution. En effet, si les muqueuses sont déjà irritées, la solution saline va certes nettoyer et désencombrer sur l’instant, mais aussi irriter des muqueuses déjà inflammées, ce qui n’est pas idéal pour la suite. Même chose pour la gorge. La sauge officinale est un remède bien
plus doux, et tout aussi efficace. Pour le nez, portez de l’eau à ébullition, puis préparez-vous pour l’inhalation et incorporez quelques feuilles de sauge au dernier moment. Pour la gorge, infusez quelques feuilles de sauge dans de l’eau frémissante et, une fois l’infusion refroidie, gargarisez-vous 3 à 5 fois dans la journée. On pourra utiliser l’infusion en lavage de nez, en la coupant pour moitié avec du jus d’aloe vera ou l’aloe arborescens, pour leurs vertus anti-septiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes. Une fois le refroidissement ou l’état grippal déclaré, le macérat de bourgeon d’aulne est intéressant en renfort, pour circonscrire les syndromes inflammatoires qui pourraient gagner la sphère ORL ou pulmonaire. Il minimise les risques de rhinite, rhino-pharyngite, bronchite et autre sinusite. Un adulte peut en prendre 15 gouttes plusieurs fois par jour, et un enfant également à raison de 1 goutte par kilo de poids corporel.
Les plaisirs de l’hiver
Dans les pays nordiques, on ne manque pas de solutions pour se faire du bien durant l’hiver: sources chaudes naturelles, bains glacés, saunas… De nombreux établissements les dispensent désormais dans toute l’Europe. L’intérêt de telles pratiques réside, ici aussi, dans leur double effet d’élimination et de tonification. Toutes les activités d’eau favorisent la circulation lymphatique, et donc l’élimination des toxines. Les bains chauds sont relaxants, autant pour les muscles que pour l’esprit, et permettent au corps de se nettoyer de l’intérieur, un peu à la manière d’une poussée de fièvre. Les bains froids mobilisent et stimulent avec force la circulation sanguine, induisant un effet puissamment tonique. C’est aussi une excellente combinaison anti-déprime!
Le sauna est un merveilleux moyen de se réchauffer «jusqu’aux os». Sa chaleur sèche et intense entraîne une rapide élévation du rythme cardiaque et une sudation abondante au bout de quelques minutes, qui stimulent le système immunitaire par une production accrue de globules blancs et d’anticorps. Le sauna soulage souvent les douleurs musculaires et articulaires, et procure une délicieuse sensation de détente grâce à la sécrétion d’endorphines. Attention, on perd facilement un demi-litre d’eau, et il faut donc bien s’hydrater. Les 80/90 °C du sauna finlandais vous semblent intenables ? Essayez le sauna à infrarouges. Sa chaleur douce et pénétrante est recommandée aussi bien par la NASA que par des chercheurs et praticiens de tous horizons pour ses effets bénéfiques sur le tonus général, les défenses naturelles, les inflammations, les contractures ou les migraines. Si les nuits courtes et les longues journées ensoleillées masquent facilement le manque de sommeil en été, ce n’est plus le cas dès que la tendance s’inverse. Choyez donc votre sommeil, car bien dormir régénère le système immunitaire et protège des infections. Des études montrent que les personnes qui souffrent d’un sommeil de mauvaise qualité sont plus souvent traitées par des médicaments antifongiques ou antiparasitaires. Manger plus léger le soir permet souvent de passer une nuit plus profitable. En tout état de cause, le coucher devrait être effectif avant minuit pour les couche-tard, et une bonne heure et demie avant pour les couche-tôt. Si le sommeil reste perturbé, considérez aussi des facteurs environnementaux (orientation, lumière, pollution électromagnétique…) et privilégiez toujours dans la chambre une température 18 °C, de sorte que se blottir sous la couette soit un vrai plaisir.
Jean-Pierre Giess avec l’aimable autorisation de Plantes&Santé (n°174 — décembre 2016)
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