Entretien avec Alban Maggiar

Alban MAGGIAR, Directeur général du Laboratoire Carrare depuis vingt-cinq ans, président de SYNADIET  (Syndicat national des compléments alimentaires), administrateur de Natexbio et président de l’EHPM (European Health Products Manufacturers) depuis mars 2013, nous dévoile sa vision du marché des compléments alimentaires, en France et en Europe.

Pouvez-vous nous présenter SYNADIET  ?

SYNADIET est le Syndicat National des Compléments Alimentaires.  C’est un syndicat indépendant qui a été créé en 1950. Il regroupe aujourd’hui plus de  90% des professionnels du secteur des compléments alimentaires en France. Avec plus de 215 adhérents (fabricants, fournisseurs d’ingrédients, distributeurs, façonniers, consultants et prestataires) SYNADIET est le plus important syndicat national de l’Union Européenne en termes de représentativité.

Quelles ont été vos réalisations au sein de SYNADIET ?

Lorsque j’ai été élu la première fois Président de SYNADIET en 2005, j’ai entamé un travail de fond qui était d’établir des relations constructives avec nos autorités, de développer l’informations vis-à-vis des adhérents, d’instituer la qualité des produits comme une priorité absolue et d’impliquer SYNADIET de façon plus importante au niveau européen puisque la plupart des décisions se prennent à Bruxelles.

D’une façon pratique, cette évolution s’est traduite par la refonte du site internet www.synadiet.org, la diffusion de 170 documentations annuelles à destination des professionnels et autres parties prenantes, et le renforcement de notre équipe de permanents qui sont aujourd’hui au nombre de 6, ce qui est assez remarquable pour un syndicat indépendant, et enfin par la mise en place de 7 groupes de travail ad hoc, (Allégations, Compléments Alimentaires Bio, Communication, Export, Ingrédients, Qualité et Règlementation, Plantes)

Quel est le profil de vos adhérents SYNADIET ?

Ce sont des entreprises de toutes tailles, avec une grande proportion  de PME dont la moyenne de Chiffre d’Affaires tourne autour de 3,5 millions d’euros. La plupart des créations d’activités dans les compléments alimentaires ont eu lieu il y a plus de 10 ans. On estime que c’est un marché qui est arrivé à maturité avec un environnement réglementaire assez contraignant, ce qui peut dissuader certains entrepreneurs de se lancer sur ce marché. Une part notable de nos adhérents a su développer des marchés à l’étranger, on évalue l’exportation des compléments alimentaires à environ 25% des produits sortis des lignes de fabrication.

Pour quelle(s) raison(s) SYNADIET  est-il membre de NATEXBIO ?

SYNADIET a rejoint la Fédération Française de la Diététique (devenue Natexbio en 2012) il y a plusieurs années car il nous semblait naturel de nous associer aux intérêts de Synabio et de Synadis qui défendent les mêmes valeurs que notre syndicat. Les 3 syndicats ont en commun d’être tournés vers la naturalité et le mieux être.

Existe-t-il un profil type de consommateur de compléments alimentaires ?

Une étude menée il y a quelques temps a permis de dessiner les traits de personnes soucieuces de leur santé, de leur équilibre de bien-être. Elles appartiennent à tous les milieux sociaux, et leur démarche est de se maintenir en bonne forme, d’avoir une hygiène de vie saine – et, pour cela, de prévenir certains déséquilibres ou de compenser des carences (fer, calcium …) par une alimentation que l’on qualifie d’équilibrée, des exercices physiques mais aussi par la prise de compléments alimentaires.

Quelles sont les caractéristiques et les tendances du marché ? Comment est structurée la distribution des compléments alimentaires en France ? Quelle est son évolution ?

Il faut tout d’abord souligner 2 choses : en premier lieu, aujourd’hui , le marché des compléments alimentaires c’est 25.000 emplois directs et indirects dont une partie dans les circuits de distribution ; ensuite et surtout, près d’un français sur 2 consomme des compléments alimentaires.

On distingue principalement quatre canaux de distribution : les pharmacies et parapharmacies (60%), les magasins spécialisés, la vente à distance (VPC et internet) et la grande distribution : Sur 22.000 officines en France, environ 5.000 ont une orientation marquée vers les compléments alimentaires ; ensuite il y a les magasins spécialisés ou « bio » qui représentent 10 à 12% avec un peu plus de 2.000 points de vente – auxquels il faut ajouter les magasins de sports et les instituts de beauté – à égalité avec la vente à distance qui progresse régulièrement..

Quelles sont les autorités de tutelle de SYNADIET   ?

Nous en avons trois. Nous dépendons du Ministère des Finances à travers la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), du Ministère de la Santé à travers la DGS (Direction Générale de la Santé) et du Ministère de l’Agriculture à travers la DGAL (Direction Générale de l’Alimentation.) La plus importante pour nous est la DGCCRF. Par ailleurs nous dépendons aussi de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui est en charge de la nutrivigilance.

Les compléments alimentaires sont régis depuis 2002 par la Directive européenne 2002/46/CE. Pouvez-vous nous éclairer sur l’application de cette directive en France ?

Cette directive est un texte fondateur pour notre profession car, pour la première fois, on y trouve une définition en 5 points des compléments alimentaires. Elle portait à l’origine sur les vitamines et minéraux et a été transposée par les autorités françaises en 2006. Ces dernières y ont prévu d’intégrer aussi les plantes et les autres substances, par exemple les probiotiques, les antioxydants ou les oméga 3. En ce qui concerne les plantes, un grand chantier a été réalisé au sein de SYNADIET notamment avec la participation du groupe de travail Plantes et nous devrions aboutir, sous peu, à la publication d’une liste de 550 plantes autorisées dans les compléments alimentaires.

Vous avez mis en place la Charte de Qualité des Compléments Alimentaires ? Pour quelles raisons ?

La directive européenne a eu pour effet de définir un cadre légal. Il nous a semblé logique de le remplir. La Charte nous a permis de donner au consommateur des garanties supplémentaires en matière de qualité et de sécurité. Cette Charte de Qualité qui a été soumise à la DGCCRF ainsi qu’aux associations de consommateurs dans sa première version ne cesse d’être enrichie puisqu’elle en est aujourd’hui à sa quatrième version.

Vous venez récemment d’être élu à la tête de l’EHPM. Quel est le rôle de cette fédération?

L’EHPM regroupe des associations professionnelles nationales de compléments alimentaires, à l’image de SYNADIET. Cette fédération européenne représente au total 2.000 entreprises et 135.000 emplois directs et indirects. Les marchés de compléments alimentaires d’Europe occidentale sont les plus matures tant sur le plan économique que juridique. L’Allemagne et l’Italie sont historiquement les 2 plus grands marchés. On assiste ces dernières années à une forte croissance dans les pays d’Europe centrale et orientale. Ces pays ont besoin d’établir un cadre légal pour la production et la commercialisation de compléments alimentaires.

L’intérêt d’une fédération européenne est de comparer, concilier, partager les connaissances, les compétences, les problématiques des pays de manière à pouvoir parler d’une seule voix à Bruxelles où la plupart des textes directeurs sont votés. L’EHPM permet ainsi aux professionnels des compléments alimentaires d’entretenir un dialogue permanent avec les autorités européennes. Un de mes leitmotiv est de dire que plus une règlementation a été travaillée conjointement et en concertation par les autorités et les professionnels, plus elle sera rapidement mise en œuvre et respectée – au plus grand profit des consommateurs.

En octobre prochain aura lieu le salon Natexpo. Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?

Que ce soit une réussite ! A l’instar des autres syndicats Synabio et Synadis Bio qui composent la fédération Natexbio, SYNADIET  partage les mêmes préoccupations : à savoir réunir, informer, former et défendre les intérêts des professionnels des produits naturels, bio et des compléments alimentaires. Notre profession sera représentée par un nombre importants de sociétés de compléments alimentaires.

Ce sera aussi l’occasion d’exposer davantage notre profession auprès des média et, au-delà, du grand public, de la faire connaître et d’informer sur les compléments alimentaires français dont la qualité et la sécurité sont reconnues par les autorités, ce qui leur confère de réelles possibilités à l’export. Par ailleurs c’est aussi une opportunité de rectifier les informations erronées qui peuvent circuler à propos de nos produits. Ceux-ci que nous défendons qui font régulièrement l’objet de confusions et d’amalgames avec d’autres produits qualifiés par erreur, ou abusivement, de compléments alimentaires.

Il existe une définition officielle des compléments alimentaires depuis la Directive Européenne de 2002. Beaucoup d’avatars médiatiques sont liés à sa méconnaissance. Il faut savoir que les compléments alimentaires sont reconnus par les autorités comme des denrées alimentaires et sont, à ce titre, soumis à toute la règlementation relative à l’alimentation plus à celle qui leur est propre.

Les professionnels des produits bio, naturels et des compléments alimentaires sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Je pense qu’il faut cultiver un équilibre de vie pour être en harmonie avec soi-même et son environnement ! C’est le juste milieu d’Aristote. Je pratique le yoga et la marche. Mais au-delà ces activités physiques, l’équilibre passe aussi, et surtout, par l’esprit. Le premier pas vers cet équilibre est peut-être de s’accepter et de s’aimer tel qu’on est avec ses qualités et ses défauts. Il faut aller de l’avant et appréhender son environnement de manière positive. Ma conviction est qu’il faut s’enrichir des autres en leur portant attention et bienveillance. C’est aussi cela l’hygiène de vie.

 Propos recueillis par Natexbio