La labellisation des cosmétiques bio
Pourquoi et comment clarifier la labellisation des cosmétiques bio pour les consommateurs?
Il y a quelques années, acheter ses cosmétiques bio était plus facile pour les consommateurs. En effet, à cette époque, peu de marques étaient encore présentes. Mais depuis, le marché a explosé, les offres de produits se sont multipliées et ont fait de plus en plus d’adeptes. Les consommateurs égarés pendant des années par les discours commerciaux séduisants des publicitaires recherchent désormais des cosmétiques plus proches de leurs attentes et veulent être rassurés sur leurs choix. Par conséquent, les certifications de labels bio jouent un rôle décisif dans leurs actes d’achat. Mais face à la surabondance des labels cosmétiques bio et des messages de mise en garde, comment les consommateurs peuvent-ils s’y retrouver ?
Les marques et le greenwashing
De nos jours, on peut trouver des cosmétiques bio dans de nombreux points de vente. Magasins spécialisés, e-commerces, pharmacies, parapharmacies et instituts de beauté font la part belle au bio, mais le plus grand danger se retrouve surtout dans les grandes surfaces. En effet, le bio fait vendre et est devenu l’argument marketing préféré des marques. Leur autre point stratégique réside également dans la tendance au naturel qui attire de plus en plus de consommateurs non avertis et souhaitant faire un premier pas vers des produits plus sains avant de passer au bio. En mettant par exemple en avant un ingrédient bio ou en donnant au produit une image « naturelle », elles détournent l’attention des consommateurs qui n’ont pas encore l’automatisme de vérifier la composition du produit. C’est ce qu’on appelle le « greenwashing ». Ainsi, la labellisation des cosmétiques bio devient le seul rempart pour les défendre contre ces abus.
Toujours plus de labels bio
De nombreux organismes indépendants et d’associations (Ecocert, Qualité France, Cosmebio, BDIH, Nature & Progrès, Demeter, Soil Association…) tentent d’apporter une promesse de rassurance aux consommateurs. Cependant, devant cette foule d’informations de prévention, d’éthique et de chartes aux exigences diverses, les consommateurs qui peinent déjà à distinguer le bio du naturel ont du mal à s’y retrouver. En réalité, seule une poignée de consommateurs avertis prennent le temps d’examiner le produit à la loupe et de porter leur réflexion sur :
- La part réelle du bio dans le produit qui peut varier de 5 à 100 %. Par exemple, les chartes des organismes certificateurs Ecocert et Qualité France demandent respectivement qu’au minimum 5 et 10 % du total des ingrédients du produit fini soient issus de l’agriculture biologique. L’association professionnelle COSMEBIO demande également 10 % et encourage les marques à aller bien plus loin. Dans cette démarche, ce taux passera à 20 % dès le 1er janvier 2015.
- La prise en compte de l’eau ou non dans ce pourcentage bio (les eaux florales par exemple peuvent être considérées comme étant bio)
- L’acceptation d’un pourcentage d’ingrédients de synthèse qui sont tolérés par certains labels bio ou qui ne trouvent pas d’équivalents dans le bio à l’heure actuelle.
Une union vertueuse
Afin de garantir plus d’homogénéisation et de transparence au niveau européen, plusieurs organismes ont pris la décision de faire front commun et de mettre en place des standards plus exigeants. C’est ainsi que 2 nouveaux labels ont vu le jour depuis 2010 :
- Natrue avec ses 3 niveaux de certification : cosmétiques naturels, cosmétiques naturels en partie biologiques (70 % minimum d’ingrédients issus de l’agriculture biologique) et cosmétiques biologiques (95 % minimum d’ingrédients issus de l’agriculture biologique).
- Cosmos qui sera quant à lui effectif à partir de janvier 2017 en a 2 : Cosmos Natural et Cosmos Organic (en comptabilisant l’eau, le produit fini doit contenir un minimum de 10 à 20 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique).
En conclusion
A ce jour, il n’existe pas de norme européenne sur la labellisation des cosmétiques bio. De ce fait, chaque pays dispose de ses propres certifications réalisées par des organismes indépendants. L’arrivée des labels européens Natrue et Cosmos peut être considérée comme un premier pas positif vers un engagement commun. Mais l’ajout de nouvelles chartes ne risque-t-elle pas d’amener encore plus de confusion chez les consommateurs ? Une approche plus restrictive des labels bio apporterait sans doute au final plus de lisibilité aux consommateurs.
Par Audrey Gance
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