La régénération des sols et de la terre, quelles solutions immédiates (partie 2) ?

29 septembre 2022

Après Nicolas Glandon, bénévole chez Conscious Planet, nous donnons la parole, pour ce 2ème volet de notre série « La régénération des sols et de la terre, quelles solutions immédiates » à Walter Bouvais, cofondateur d’Open Lande.

« Réparer la Terre », c’est le credo de Walter Bouvais, cofondateur d’Open Lande, eco-lab qui propose aux entreprises et territoires un accompagnement vers une activité de régénération plus écologique, contribuant à stabiliser le climat, restaurer la biodiversité et préserver les ressources et l’humain.

Parole à notre deuxième spécialiste

Walter Bouvais, cofondateur d’Open Lande

Déjà pionnier de la transition écologique

Walter Bouvais est loin d’être novice en ce domaine : ancien éditeur de presse ; fondateur et dirigeant pendant 13 ans d’un magazine, « Terra Eco », titre pionnier en France sur le sujet de la transition écologique, qui avait déjà pour objectif de la connecter aux enjeux économiques. Une aventure éditoriale et entrepreneuriale, qui s’est arrêtée en 2016. Aventure que Walter a ensuite souhaité continuer sous une autre forme, et toujours dans le champ de la transition. C’est ainsi qu’est née Open Lande, qu’il co-dirige aujourd’hui avec les deux cofondatrices Pascale Guiffant, transfuge de l’entreprise Suez, et Marine Laurent qui travaillait dans l’événementiel et la culture.

Walter Bouvais

« La vocation d’Open Lande est simple : accompagner les acteurs économiques privés, publics ou institutionnels sur les territoires à se transformer pour pouvoir mener des projets de régénération. Avec l’idée que cette transformation écologique et sociale passe avant tout par une transformation culturelle en profondeur de l’organisation, à l’image de la transformation numérique que nous avons connue et connaissons encore. Cette transformation culturelle permet ensuite de repenser les modèles économiques pour une entreprise, ou les modèles de développement territorial quand on est un territoire. Notre mission de développement du réseau Open Lande va être de créer des emplois au service de la transition et de la régénération. »

À l’exemple de cette agence de développement économique territoriale, Open Lande va œuvrer à repenser sa raison d’être « classique », c’est à dire l’attractivité du territoire.

« À l’aune de la transition écologique, nous allons les aider à faire venir sur leur territoire des entreprises, mais pas n’importe quelle activité, ni à n’importe quel prix, mais plutôt faciliter la venue et l’émergence d’activités qui vont s’inscrire dans les limites qui nous importent. C’est ambitieux car cela remet en cause pour l’agence la manière de faire son métier, et cela interroge aussi le modèle économique du territoire : avant, on vendait du foncier pour financer des infrastructures – par exemple une piscine municipale – et là nous en venons à la question des sols. On comprend vite que le foncier est précieux, et qu’il vaut mieux le désartificialiser. 

Comment fait-on quand on a pour mission de créer de l’attractivité pour vendre du foncier en changeant le modèle culturel et économique dans ce cadre-là ? Nous avons monté un lab pour tester de nouveaux produits et services qui vont répondre à ce type de demande, celle d’être accompagné dans cette nouvelle économie plus légère et précautionneuse des écosystèmes. »

Mais aussi une démarche adaptée aux entreprises

Walter Bouvais cite en exemple celui de ce client qui travaille dans les circuits courts alimentaires, de la fourche à la fourchette, qu’Open Lande aide à repenser en profondeur son projet de développement et dessiner son nouvel appareil de transformation, qui va s’intégrer dans le respect des ressources naturelles à protéger : sols, eau, climat, biodiversité…de manière native, c’est à dire dès la conception du projet, en réduisant au maximum l’empreinte écologique, et en se demandant comment apporter davantage aux écosystèmes que ce qu’on leur prend, en ayant à terme une empreinte globale positive, si c’est possible. Une démarche ambitieuse et difficile, car encore pionnière : il faut être très rigoureux, d’un point de vue scientifique, avec trois étapes à prendre en compte :

  1. Celle d’une économie extractive, dommageable aux écosystèmes, et dont l’entreprise n’a pas conscience. 
  2. Celle où il faut chercher à fortement réduire l’empreinte écologique de l’entreprise, afin de « limiter la casse » et devenir un acteur économique responsable.
  3. Celle où, compte tenu du changement climatique et des stratégies de résilience, il va falloir beaucoup plus à l’image de l’agroforesterie ou de l’agroécologie, contribuer à régénérer les sols et les écosystèmes, répondre à un besoin humain, et s’alimenter tout en créant des emplois et de l’activité économique.

« Nous allons essayer d’appliquer selon ce modèle une approche de régénération à l’ensemble des acteurs et des activités économiques. Plus l’activité sera primaire, et plus ce sera facile, et au contraire plus l’activité sera industrielle, plus ce sera compliqué. »

Outre les activités agricoles, la démarche va aussi intégrer la pêche, l’eau et l’océan ; toutes les activités qui dépendent directement de ces écosystèmes. La mission d’Open Lande sera plus intuitive quand cette dépendance sera directe ; et sa mise en œuvre tombera sous le sens, même si elle n’est pas forcément facile. Et pour piloter une activité industrielle, à l’exemple du plastique, ce sera moins intuitif. Dans ce cas, la régénération ne pourra pas forcément être un état de fait, mais plutôt une quête, une ambition, une méthodologie.

Open Lande, un modèle qui fait des émules dans d’autres régions

La première particularité d’Open Lande, est d’amener les acteurs économiques vers la régénération, c’est sa raison d’être. La deuxième est de créer localement une fabrique de projets, qui s’adresse aux acteurs et territoires locaux ; la première est à Nantes, mais cinq autres sont en cours d’essaimage dans d’autres régions : Bretagne, Anjou, Pays basque, Occitanie, Drôme. L’objectif est, pour Open Lande, de mettre à leur disposition ses propres méthodes pour de nouveaux entrepreneurs qui voudraient développer un projet identique sur leur région.

« Cette dimension open source est singulière, et nous l’avons choisie jusqu’à l’inscrire dans notre nom – Open Lande – car c’est une manière de dupliquer très rapidement dans un point B ce qui fonctionne déjà dans un point A. Aujourd’hui, c’est de ça dont nous avons besoin : dupliquer rapidement des réussites économiques, rigoureuses et sociales. Et nous appliquons cette méthode à nous-même. »

Une prise de conscience des industriels

La demande est croissante depuis quelques mois, et Walter constate que la plupart des acteurs économiques ont compris qu’il y avait des problèmes, ont envie de bien faire, mais ne savent pas comment s’y prendre. Certains vont vouloir rester « à la surface », pour un problème d’image, et pour Open Lande ce n’est pas le sujet. La vraie problématique va être d’aider les entreprises dans une avancée sincère : quelles méthodes mettre en place, comment mobiliser les équipes, quels diagnostics seront utiles pour avoir une photo réaliste de la situation de départ. Et ensuite, bâtir une feuille de route, suivre sa mise en œuvre dans une démarche aussi stratégique que possible.

Un été 2022 qui pourrait changer la donne

Pour Walter Bouvais, les choses ont commencé plus tôt, après l’été 2018, durant lequel il rappelle que nous avons déjà assisté dans le monde entier à une série de phénomènes climatiques, de méga-feux, de canicules…même si ce n’était pas aussi intense que l’été dernier. Et lors de la rentrée 2018, un certain nombre de dirigeants ont pris contact avec Open Lande. En effet, ils étaient bouleversés par ces événements et avaient l’intention d’avancer et de dépasser la RSE pour aller plus loin sur les questions de changement climatique, d’adaptation et de biodiversité. Et après ce que nous venons de vivre à l’été 2022, Walter Bouvais est convaincu de l’arrivée d’un phénomène d’accélération très fort sur ces sujets. Phénomène d’autant plus important qu’ils ont été mis en avant, fait nouveau, dans l’agenda public et politique. Avec des symboles forts, comme cette vice-présidente du GIEC qui intervient dans un séminaire gouvernemental ou, quand l’état annonce que des cadres vont être formés à ce sujet, que la sobriété devient un sujet de circonstance géopolitique, que les questions de souveraineté sont intimement liées.

« On voit toute la nouveauté de cette compréhension et je pense que ça va produire des effets très positifs qui vont donner des raisons de se mobiliser aux acteurs économiques. Il n’est pas encore trop tard et je sais que les choses ne vont pas être simples ; néanmoins il y a des voies : beaucoup de chercheurs, de méthodes, de retours d’expériences, de travail de fond et de succès vont nous permettre d’agir. Notre société est aujourd’hui prête à changer. »

Plus d’informations sur www.openlande.co

Siège d’Open Lande

Rendez-vous le mois prochain avec notre 3ème spécialiste !

Classés dans :


Articles récents dans la même catégorie

+

Inscrivez vous à notre newsletter

Vous acceptez de recevoir nos derniers articles par email
Vous affirmez avoir pris connaissance de notre Politique de confidentialité.