La relance économique dans le respect des équilibres du vivant
Après le choc de la crise sanitaire, les limites d’une économie qui pousse à l’extrême l’éclatement des chaînes de valeur au mépris de tous liens avec les territoires dans lesquels nous sommes ancrés apparaissent au grand jour. Dans ce contexte les plans de relance, en France et en Europe se mettent en place avec deux objectifs qui peuvent sembler contradictoires : Relancer au plus vite l’économie, c’est-à-dire agir sur le temps court, mais aussi penser et agir sur le temps long dans un même projet agricole et alimentaire. Les fondements de l’agriculture biologique s’inscrivent totalement dans ces deux temporalités et lui confère ainsi une réelle responsabilité dans la nécessaire transformation de notre modèle agricole.
En s’appuyant depuis toujours sur un solide lien de confiance entre agriculteurs et consommateurs, le modèle bio, en croissance forte est immédiatement efficient pour relever les défis à court terme qui nous attendent : Emplois, production de qualité et consommation de proximité sont des inflexions majeures que nous portons. La croissance à deux chiffres du marché et l’accélération que nous avons connus ces derniers mois crédibilise encore un peu plus notre démarche « de la ferme à la table » pour reprendre l’expression de la commission européenne. Cette dernière se dote déjà d’un objectif ambitieux de 25% des surfaces en bio en Europe en 2030
Le respect des équilibres du vivant constitue le socle de notre action et rejoint le concept de santé unique « one health » que l’on a vu émerger notamment à la faveur de cette crise sanitaire. La santé humaine, la santé environnementale vont de pair. Il s’agit d’avoir un regard global sur nos actions qui nous inscrivent dans le temps long. L’application quotidienne de l’adage « prévenir plutôt que guérir », la non utilisation d’engrais azotés, la diversification de nos assolements à base de légumineuses, l’interdiction des pesticides, la recherche d’autonomie nous permettent de prendre très efficacement notre part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serres et dans la préservation de la biodiversité.
Nous devons d’ors et déjà nous emparer de l’objectif européen en tirant les leçons de cette période inédite. Développer le bio en rémunérant correctement les producteurs et en rendant nos produits accessibles à tous n’est pas compatible avec des notions économiques de court terme telles que la maximisation du profit et la spéculation. Il n’y a pas de développement soutenable, c’est-à-dire équilibré, sans confiance, sans coopération et sans souci du bien commun. Ce doit être cet état d’esprit qui nous anime tous.
Tribune libre de Philippe HENRY, Président de l’Agence Bio
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