Les dentifrices: pour sourire en bio !

27 septembre 2014

Si 6% des Français déclarent ne pas se laver les dents tous les jours et 2% avouent ne l’avoir jamais fait (!), 31% de nos compatriotes se lavent les dents au maximum une fois par jour, 53% deux fois par jour et 16% trois fois par jour. Conséquence: un marché de l’hygiène bucco-dentaire en pleine forme, avec un dentifrice acheté dans l’Hexagone toutes les 6 secondes ! Sur les 500 millions d’Euros de ce marché, 80% des ventes sont faites en GMS, avec un CA de plus de 380 millions, la pharmacie s’adjugeant environ 90 millions.

Si les allégations peuvent être multiples, l’essentiel des ventes (40 % en valeur) est constitué par les dentifrices contre les gencives sensibles (actifs antibactériens contre la plaque dentaire), suivi avec 20 par les produits contre les caries (avec du fluor), 17 %  pour les dents sensibles, 8 % pour les blanchissants (avec des abra­sifs). 6,5 % des ventes concernent les dentifrices pour enfants, alors que les dentifrices « bio » ou « homéopa­thiques » représenteraient un petit 6 %.

Pourquoi faut-il se brosser les dents ?

Les caries sont un vrai problème de santé publique. En France, a l’âge de 6 ans, les 2/3 des enfants ont déjà au moins une carie et plus de la moitié des enfants de 12 ans. Mais 44% des adultes sont aussi concernés et 37% des personnes âgées. Sans parler de la douleur que les caries provoquent, les surinfections peuvent avoir des conséquences graves (abcès, infections généralisées).

Et avoir des dents propres et une haleine fraiche est une chose importante en société, sans parler du simple bien-être que procure le fait d’avoir des dents bien brossées. Le vieil adage « il vaut mieux prévenir que guérir » s’impose ici largement lorsqu’on sait ce que peuvent coûter des soins dentaires, qu’on ne peut malheureusement éviter lorsque la douleur, souvent insupportable, survient…

Qu’y a-t-il dans un dentifrice ?

Le premier rôle d’un dentifrice étant d’empêcher la formation de la « plaque dentaire », constituée de protéines salivaires, de résidus alimentaires, de bactéries et des toxines secrétées par celles-ci, il doit contenir des substances abrasives pour nettoyer l’émail dentaire (silice, bicarbonate de sodium, phosphate de calcium…). Et sa consistance doit être pâteuse, pour éviter qu’il se dilue dans la salive et permettre qu’il reste au contact des dents pendant le brossage.

Cela nécessite donc d’avoir une émulsion épaisse, d’où aussi des épaississants, des émulsifiants et des conservateurs, les émulsions aqueuses étant sensibles à la dégradation microbiologique, comme tout produit cosmétique.

On trouvera également des agents moussants pour disperser les impuretés grasses dans la phase aqueuse, des humectants pour éviter que la pâte ne durcisse à l’air (sorbitol, glycérol, propylène glycol). Outre les additifs de confort (édulcorant, comme l’aspartame ou aromatisant, comme le menthol rafraîchissant…) et éventuellement des colorants, on emploie encore des actifs ciblés : fluor contre les caries, antibactériens contre ta plaque dentaire (triclosan ou chlorhexidine), anti­tartre (polyphosphate) etc. Rappelons que le tartre est de ta plaque dentaire minéralisée (sels de calcium)

Quels types d’ingrédients préoccupants trouve-t-on dans les dentifrices ?

Un des rôles du dentifrice étant de lutter contre les bactéries buccales, les fabricants conventionnels n’hésitent pas à employer des désinfectants puissants, parmi lesquels le triclosan susmentionné. Non seulement celui-ci est souvent pollué par de la dioxine, mais en plus d’être écotoxique (par son rejet via les eaux usées dans l’environnement où il s’accumule), c’est un perturbateur endocrinien avéré et on a montré récemment qu’il altérerait la fonction musculaire (dont celle du cœur). On le soupçonne aussi d’augmenter la résistance des bactéries aux antibiotiques. La chlorhexidine, un antiseptique à large spectre d’action pouvant provoquer des irritations des muqueuses, est aussi employée.

On trouve très souvent du SLS (sodium lauryl sulfate), un tensioactif particulièrement irritant mais qui reste très usité dans les dentifrices « conventionnels » !

À la longue, il peut provoquer des aphtes. Du côté des colorants, on va trouver par exemple de la tartrazine (CI19140), un colorant azoïque susceptible de provoquer asthme, urticaire, rhinites, troubles de la vue… et qui pourrait être cancérigène. Il est à ce titre interdit dans plusieurs pays. Ou encore les rouge Cl 73360 et vert Cl 74260 qui appartiennent tous deux au groupe très contesté des composés halogénés, au risque cancérigène connu.

Certains dentifrices contiennent des PEG ou dérivés, substances éthoxylées aux risques également connus (écotoxicité entre autres). On peut s’inquiéter aussi de la présence, comme actifs anti-tartre et abrasifs. de tétra-potassium pyrophosphate ou disodium pyrophosphate, autorisé également comme agent de texture en alimentaire (additif E450i), qui peuvent provoquer des allergies chez certaines personnes. Et il est inutile de dire ici que des conservateur du type parabènes sont bien entendu employés dans ces dentifrices conventionnels, même s’il ne faut pas forcément valider tout ce qui a été dit sur ces ingrédients, que le principe de précaution pousse cependant à éviter.

En clair, les dentifrices contiennent un cocktail d’ingrédients représentatifs de tout ce que les consommateurs avertis veulent aujourd’hui éviter!

Le fluor, un ami qui peut vous faire mal ?

Parce que très efficace pour lutter contre les caries. le fluor est très employé dans les dentifrices même bio. Il reste qu’à forte dose il peut être toxique, avec des effets sur le système nerveux, la reproduction et le système endocrinien. Le fluor est étudié depuis le 18 siècle et c’est le difluor qui est un gaz isolé en 1886 par un chimiste français ! Dans le cas présent, on emploie un sel de fluor (fluorure de sodium en général), qui a la capacité avérée de rendre l’émail moins sensible aux attaques acides qui provoquent les caries. Il ne faut cependant pas nier de rares cas d’empoisonnement au fluor, notamment chez les enfants. C’est pour cela que ceux-ci doivent toujours utiliser un dentifrice spécifique moins dosé, et jamais un dentifrice peur adultes plus riche en fluor. C’est également la raison pour laquelle il faut toujours bien faire attention à recracher tout dentifrice fluoré, et que le brossage des jeunes enfants doit toujours se faire sous la surveillance d’un adulte. Certains experts affirment que le fluor est le seul actif réellement efficace contre les caries, mais d’autres soulignent aussi. entre autres, l’efficacité de la propolis, du xylitol ou même de l’huile essentielle d’anis. Mais dans ce cas un brossage efficace est indispensable, ce que ne maîtrisent pas toujours les enfants. Un excès de fluor peut néanmoins provoquer — risque cependant faible, même si le fluor peut aussi être ingéré via l’eau du robinet ou provenir d’ustensiles de cuisine à revêtement anti­adhésif – la fluorose, maladie des dents qui provoque l’apparition de taches blanches ou jaunâtres.

Pour ces raisons, la réglementation limite la dose de fluor à 500 ppm (parties par million, soit microgrammes par gramme) dans les dentifrices pour enfants de 3 à 6 ans, et à 1500 ppm dans ceux pour les adultes. Au-delà de 1500 ppm. le produit devient un médicament. Et pas de dentifrice fluoré avant 3 ans !

D’autres actifs pourtant intéressants sont aussi à surveiller concernant un éventuel excès d’absorption en cas de cumul de sources: la vitamine A en fait partie (certains dentifrices en contiennent) ainsi que le sorbitol (employé pour ses effets rafraîchissant et édulcorant) qui peut provoquer des diarrhées chez les personnes sensibles (raison de plus pour ne pas avaler le dentifrice).

Que penser des dentifrices blanchissants ?

La « blancheur retrouvée », est un argument à la mode. Mais les personnes ayant naturellement des dents très blanches restent rares. De plus, avec l’âge, l’émail extérieur se fait de plus en plus fin, et on finit par voir les couches intérieures plus sombres. Reste que café, thé, vin rouge ou nicotine provoquent une coloration des dents. Les particules abrasives peuvent retarder ce phénomène mais ne le supprimeront jamais. D’ailleurs les experts en médecine dentaire soulignent qu’il n’y a pas globalement de différence d’efficacité entre les dentifrices classiques et « blanchissants »qui contiennent peu eu prou les mêmes types et concentrations  d’actifs. A noter la présence dans certaines dentifrices d’un colorant bleu (Cl 74160) sensé rendre les dents « immédiatement blanches » effet néanmoins « limité dans le temps » , comme cela est alors mentionné en petits caractères. Il s’agit d’un simple phénomène optique qui fait qu’en ajoutant du bleu à l’émail jauni, celui-ci parait plus blanc, comme dans la vieille technique dite de l’azurage, pour le papier ou le linge. D’autres formules contiennent pour blanchir du peroxyde d’hydrogène, à une dose néanmoins faible (limite maximale autorisée en Europe dans les produits d’hygiène buccale : 0,1 %).

Le menthol des dentifrices, ennemi de l’homéopathie ?

Confirmé par la plupart des homéopathes : il n’y a pas de réelle « incompatibilité » entre la menthe et un traitement homéopathique. Mais à l’instar d’autres substances aromatiques fortes (café, thé, épices, alcool, tabac… et aussi camomille ou verveine) qui vont imprégner la bouche, ce qui peut bloquer le passage de la « subtile information homéopathique, il est juste recommandé de prendre les granules au moins 1/4 d’heure avant (ou 1/2 heure après) l’exposition à ces substances pour éviter toute interaction. Si on ne peut pas le faire, alors il faut choisir effectivement un dentifrice sans menthol, menthe, camomille, verveine ou camphre…

Quels arguments mettre en avant avec les dentifrices bio ?

Comme le rouge à lèvres pour les femmes, le dentifrice est utilisé au moins une ou plusieurs fois par jour. Le taux d’exposition à des produits potentiellement inquiétants est donc plus élevé que pour les autres cosmétiques, avec comme facteur « aggravant » le fait que la muqueuse buccale est plus perméable que l’épiderme sans parler du risque d’ingestion. C’est un point qu’il faut mettre en avant. Il ne faut pas pour autant fuir tous les dentifrices, et les recettes de grand mère à base de bicarbonate de soude, de sel de citron, de charbon… pour blanchir et nettoyer les dents ne sont pas vraiment recommandées car pouvant être au final préjudiciables. Les dentifrices naturels et bio sont quant à eux, au contraire, tout à fait conseillés. Et pas seulement des dentifrices aux plantes (le green washing existe aussi dans ce domaine), mais bien des produits certifiés. Ils sont alors parfaitement exempts des ingrédients préoccupants mentionnés plus haut, tout simplement parce que la plupart sont totalement interdits par les cahiers des charges bio. Ces dentifrices bio, bien entendu sans conservateurs, parfums ou colorants de synthèse, ont en général recours aux plantes ou aux huiles essentielles ayant des vertus antibactériennes (anis, thé vert, tee tree, clou de girofle…et aussi propolis), idem pour rafraîchir (menthe, myrrhe, agrumes), pour calmer les gencives (calendula, verveine, sauge)… contre le tartre (anis)… Pour l’effet abrasif sans agresser l’email, de la silice en poudre, du sel marin,, de l’argile, du carbonate de calcium. Avec selon les marques, présence ou non de fluor à des taux raisonnables et beaucoup de formules garanties pour végétaliens (vegan). Texture (pas d’agent moussant en général) et parfum sont certes différents, mais cela est juste une question d’habitude. Tout ce qu’il faut pour retrouver le sourire, en toute sécurité.

Avec l’aimable autorisation de Bio Linénaires

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