Les entreprises de la Bio en ordre de marche pour la reconquête
Lors des 1ères Rencontres des Entreprises de la Bio, organisées par La Maison de La Bio à Paris le 20 juin dernier, les professionnels du secteur ont pu échanger autour du climat actuel de crise et des leviers à activer pour reconquérir les consommateurs. L’élaboration d’une plateforme commune de propositions a permis de faire émerger un discours fédérateur afin de défendre le modèle de la Bio et parler d’une même voix.
Des revendications ciselées et ciblées
« La Bio est la solution pour l’avenir de la planète » : c’est le postulat des acteurs d’un marché qui pèse douze milliards d’euros. Des chefs d’entreprises animés par une même ambition et engagés dans une démarche qui les singularise, « préserver la santé humaine, protéger l’environnement, développer l’économie locale et dynamiser l’attractivité des territoires ».
Lors des 1ères Rencontres des Entreprises de la Bio dans le 17e arrondissement de Paris, les participants ont notamment pu brainstormer en mode projet pour dégager plusieurs propositions et idées à défendre auprès des pouvoirs publics :
- Rendre la bio populaire, en communiquant auprès du grand public des messages simples et accessibles qui se veulent décomplexants. « La Bio c’est pour tout le monde et pour tous les jours. »
- Unifier les politiques publiques via un garant interministériel chargé d’aider au développement de la Bio, grâce à un pilotage intergouvernemental.
- Mobiliser la recherche sur l’agriculture biologique et le commerce équitable pour la transition de la société.
- Inciter les collectivités locales à respecter la loi sur 20 % de bio dans les cantines, en mettant en place un système de bonus-malus.
- Harmoniser les taux de TVA pour tous les types de produits certifiés Bio.
- Créer une section de la DGCCRF pour mieux contrôler les labels bio et veiller à leur lisibilité et leur compréhension auprès des consommateurs.
Revendiquer collectivement la démarche
Président de La Maison de la Bio, Pierrick De Ronne appelle les entreprises du secteur à mieux faire connaitre leur démarche. « Elles portent en elles les germes de la transition » a-t-il déclaré. « La Bio, ce n’est pas qu’une question d’agriculture et d’alimentation, c’est aussi des sujets tels que la santé et l’environnement. C’est un modèle de société. »
Il exhorte les acteurs de la Bio à revendiquer plus que jamais le cahier des charges exigeant auxquels ils se soumettent. Une nécessité à l’heure où la confiance des consommateurs se délite en raison du manque de lisibilité des labels. « C’est en portant haut les engagements inhérents à la Bio que le marché reprendra son essor. Mais cela nécessite de s’unir autour de messages qui nous rassemblent. »
Muscler le discours et se concentrer sur les fondamentaux de la Bio, c’est la voie que trace le Président de La Maison de la Bio pour gagner la reconnaissance des pouvoirs publics et (re)conquérir la préférence des consommateurs. Il en est convaincu : la démarche vertueuse des entreprises de la Bio est la meilleure des réponses aux enjeux de notre société. Elle doit désormais être validée par une vision politique et un cadre de marché qui encouragent et récompensent « l’investissement des femmes et des hommes qui tous les jours font des choix pour améliorer la santé de nos concitoyens et faire vivre l’activité économique sur notre territoire ».
Des externalités positives à valoriser
Le regard de Christine De Mazières sur la filière de l’agriculture biologique donne raison à l’élan collectif impulsé par ces 1ères Rencontres des Entreprises de la Bio. Présente à l’assemblée générale de La Maison de la Bio, la conseillère-maître à la Cour des comptes était la rapporteure de l’audit de l’institution sur le soutien à l’agriculture biologique, publié le 30 juin 2022. Le document reconnaît les externalités positives de la filière sur la santé (diminution des pathologies chez les agriculteurs et les consommateurs) et l’environnement (diminution de la pollution de l’eau, amélioration de la fertilité des sols et de la qualité de l’air, préservation de la biodiversité et du bien-être animal, développement de l’emploi rural). Il pointe par ailleurs « une politique de soutien pas à la hauteur de l’ambition affichée par les pouvoirs publics » : aide à la conversion sous-dimensionnée et dysfonctionnelle, nouvel écorégime trop peu favorable à l’agriculture biologique, oubli des industries de transformation, moyens consacrés à la promotion et à la recherche pas assez ambitieux, commande publique insuffisante, etc.
Bernard Ollié, Président de l’agence Good, rejoint le constat dressé par la Cour des comptes. Il a encouragé les entreprises à passer d’un marketing de l’offre à un marketing de la demande pour mieux capter les attentes des consommateurs. Une position partagée par les experts de Biotopia, qui ont analysé les raisons pour lesquelles les consommateurs se détournent des magasins bio : rayons pas toujours attrayants, innovations peu visibles, manque de promotions et de programmes de fidélisation, etc. Face à des grandes surfaces plus agressives, pour Philippe Mouillard, Président de Biotopia, « il est temps de remettre le consommateur au centre de la stratégie ».
6 %, la part du bio dans le panier des ménages en France
En matière de données, l’Agence Bio fait référence. Sa Directrice, Laure Verdeau a apporté une vision holistique du secteur en commençant par un chiffre crucial, la part du bio dans le panier des ménages français. En 2022, il s’élevait à 6 %, en recul de 0,5 point par rapport à 2021. Il classe la France au sixième rang dans l’Union européenne, classement dominé par le Danemark où la proportion de produits Bio dans le caddie est deux fois plus importante. Si les chiffres 2022 de l’Agence Bio confirment la perte de vitesse des magasins spécialisés (-8,6 % de chiffre d’affaires sur un an), ils fournissent des pistes intéressantes pour les acteurs de l’alimentaire ; les gisements de débouchés dans la restauration et les cantines, qui totalisent 250 000 des 375 000 points de vente Bio en France pour moins de 700 millions d’euros, ainsi que la belle progression de la vente directe (+3,6 % en 2022).
Confiante sur la progression du bio malgré un ralentissement des conversions chez les agriculteurs, Laure Verdeau a elle aussi axé son intervention sur l’enjeu de la communication. Elle la souhaite plus massive et plus pérenne, pour diffuser l’idée que « la Bio c’est l’affaire de tous, ce n’est pas seulement pour les bobos ! ».
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