Les professionnels de la Bio réunis pour échanger sur l’avenir du métier
Devenue un véritable phénomène, la bio continue d’enregistrer une forte croissance en France. Elle est également en pleine évolution, attirant de nouveaux clients mais aussi de nouveaux distributeurs… Et ce, dans une société hyper-connectée où les modes de consommation et les besoins des consommateurs évoluent à grande vitesse.
Parce qu’il est indispensable pour les magasins spécialisés d’être partie prenante de cette dynamique et de ne pas en être spectateurs mais bien acteurs, Natexbio et Synadis Bio ont décidé d’organiser, le 19 juin dernier, un séminaire sur l’avenir du métier. Claude Gruffat, Président de Natexbio, a accueilli de nombreux professionnels de la filière venus échanger, débattre et s’informer sur le thème : « Quelle vision avons-nous de notre métier de distributeur bio dans 3 ans ? ». L’occasion pour lui de rappeler, dans un premier temps, les valeurs de la bio. « Notre assiette est politique. La bio est un modèle de consommation pour construire le monde », a t-il souligné.
Au programme de cette journée, animée par Yves Puget, trois conférences dans la matinée :
- « La distribution spécialisée bio en Europe » : bilan et perspectives par Burkhard SCHAER, fondateur et gérant d’ECOZEPT, avec un focus sur les premiers résultats de l’étude en cours sur l’Allemagne, la Belgique et l’Italie.
- « La distribution des produits bio en France » : présentation de la situation et perspectives par Philippe DELRAN, directeur de publication du magazine Biolinéaires.
- « Le digital peut être un allié ou un ennemi, à vous de choisir » par Yves PUGET, directeur de rédaction du magazine LSA.
L’assemblée a pu comprendre, entre autres, le fonctionnement du modèle allemand, ses forces et ses faiblesses, le positionnement de la grande distribution sur ce marché, et les différences avec le modèle français. Burkhard Schaer a ainsi expliqué qu’en Allemagne, la distribution conventionnelle a une croissance plus forte que la distribution spécialisée. La grande distribution est à la reconquête de la qualité des produits depuis la fin des années 2000 et « la bio tient une place, sinon la place, centrale dans cette stratégie ». Elle utilise ses moyens conséquents pour mettre en place une très forte communication sur l’origine régionale ou encore le développement durable. Et ce, à l’inverse de la distribution spécialisée bio qui manque de visibilité en terme de communication et qui met l’accent sur le prix et moins sur la qualité. Elle tend donc à se rapprocher du modèle « supermarché » et perd sa différenciation. Burkhard Schaer a cependant souligné que les magasins avec des profils forts en terme de valeurs, de qualité, de proximité et proposant de nombreux services, réussissaient à tirer leur épingle du jeu. Enfin, il a rappelé que la part du bio dans l’ensemble du marché alimentaire est petite : il reste donc beaucoup à faire.
Concernant le digital, Yves Puget a tenu tout d’abord à préciser « qu’il est important mais ne fait pas tout : les magasins avec un concept fort et un vrai savoir-faire sont ceux qui s’en sortent le mieux ». Il reste cependant un véritable allié pour les commerçant·e·s en leur offrant l’opportunité d’améliorer l’expérience consommateur et d’agir sur la proximité avec la clientèle. Réseaux sociaux, géolocalisation, méthodes d’encaissement, e-commerce, dématérialisation des bons de réduction, wifi offert aux clients, click and collect… les possibilités sont nombreuses et font du digital un outil pour se différencier.
Philippe Delran a quant a lui traité du marché français et de ses perspectives. Les magasins spécialisés bio enregistrent une forte croissance ces dernières années, et notamment en produits alimentaires. Mais les premiers signes d’une évasion commerciale se font ressentir, avec l’arrivée de nouveaux acteurs. Pour Philippe Delran, il est nécessaire de ne pas « glisser dans une guerre des prix » et de se différencier en insistant sur son identité. « Il faut impliquer davantage le consommateur et ne pas devenir des magasins standards », expliquait t-il. Enfin, les commerçant·e·s doivent tenir compte de la consommation fragmentée des clients : ils n’hésitent plus à diviser leurs achats et à effectuer leurs courses dans différents magasins.
L’après-midi était consacrée à des groupes de réflexion sur l’avenir du métier. Les participants ont ainsi échangé sur des thèmes tels que la formation, le personnel, le digital, la communication, l’accueil des clients, la différenciation face à la grande distribution ou encore l’offre produits. Une façon de clôturer cette journée riche en enseignements avec des pistes d’amélioration pour continuer de faire vivre les valeurs et le métier de distributeur bio.
Par Alice Roznowiez
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