Objectif magasin bio 3.0 : en route vers le futur de la distribution – 1ère partie

29 mai 2014

Savez-vous que le magasin spécialisé bio typique tel que nous le connaissons actuellement, dans sa structure et son implantation (périphérie, zones de grande circulation), n’est somme toute qu’une copie plus ou moins fidèle de la grande distribution, dont les grands fondements pour cette dernière sont nés au début des années 1960 (consommation de masse pour tous, tout sur le même toit, no parking, no business) ?

50 ans plus tard, les grands de la distribution conventionnelle (Carrefour, Leclerc, etc.) affrontent une révolution comme il n’en arrive que 2 par siècle ! Les anciens paradigmes font place progressivement à la relocalisation des marques, au commerce de précision (1), au parcours digital du consommateur, au e-commerce, au crowdsourcing (2), au crowdfunding (2), à l’écoconception des magasins, à la livraison à domicile, au retour du vendeur, au « fait sur place », à la consommation collaborative et au besoin de services ! Bref, voici le temps des tsunamis décisifs (en savoir plus cliquer ici :)

La distribution bio, de son côté, retrouve l’effervescence créative des années 60 en expérimentant à nouveau dans tous les domaines. Le but : aller au-delà de la seule distribution de produits de qualité avec une bio qui ne propose pas seulement du « sans pesticide », mais soit aussi porteuse de sens, et favorise, la transition écologique et la consommation responsable, en retrouvant au passage une des missions fondamentales du commerce : créer du lien social.

Les nouveaux pionniers de la bio, version 3.0

Le terme « Bio 3.0 », apparu massivement au salon Biofach 2014, et déjà utilisé et défendu par le magazine Biolinéaires et l’auteur de l’article dès 2011, désigne une nouvelle génération de produits et magasins bio qui intègrent à la fois un désir de sens plus poussé, des innovations technologiques et sociales marquées, et la prise en compte de consommateurs connectés issus de la génération dite Y (« slasheurs », « Néo-Geek », âgés de 20-35 ans). Ces derniers, qui ne se revendiquent pas forcément bio au sens classique du terme, sont néanmoins friands de naturalité, de lien, de dialogue, de participation et de technologie connectée (smartphones, tablettes, et, bientôt lunettes, montres et prothèses-bijoux intelligents).

Enfants de cette tendance de fond, et bousculant sans complexe les schémas établis par les magasins bio spécialisés classiques (La Vie Claire, Biocoop, Naturalia, Satoriz…), des circuits alternatifs apparaissent spontanément un peu partout en France et sur Internet, qui mettent, selon chacun, un accent sur les circuits courts, les marques régionales, la proximité, la collaboration, la participation du consommateur, le lien social ou la solidarité :

Voici (liste non exhaustive), les réseaux de vente directe gérés par des consommateurs (la ruche qui dit Oui), les AMAP low-cost (De la ferme au quartier – Saint-Etienne), les magasins de producteur (La Super Halle d’Oullins), les magasins de producteurs fermiers (Brin de paille – Arment), les marchés locaux unis pour vendre en ligne, les supermarchés collaboratifs (La Louve, Paris), les coopératives alimentaires autogérées (l’indépendante – Paris), les épiceries et les drive solidaires (Epso – Montpellier), les commerçants locaux regroupés en supermarché régional (les 7 collines – Nîmes), les partenariats poussés (magasins bio couplés à une AMAP…), et les magasins « centre de vie » (Eco-centre de Crolles).

Fin de de la 1ère partie, suite au mois de juin 2014. (1/3)

Par Sauveur Fernandez 

Lexique

(1)      Commerce de précision : un magasin « chirurgical » adapté à une famille de consommateur (familles monoparentales, seniors, célibataires) et à un lieu donné points retraits, drives, commerces de flux (gares, métro...), magasins automatiques-virtuels-éphémères-pops-ups, commerces ruraux, etc.
(2)      Crowdsourcing – Crowfunding : modes de participation collaboratifs où le consommateur aide activement à la conception de produits et finance directement un projet.
(3)      Du magasin bio au centre holistique de santé-beauté : Whole Foods Market, la plus grande chaîne de magasins bio de la Planète ouvrira en 2015 à Austin un magasin complexe de bien-être physique et psychologique qui offrira des activités de remise en forme, des consultations de vie, des cours de cuisine et d’éducation nutritionnelle, etc.
(4)      L’ère des magasins-fermes avec toit-jardin pour une production hyper-locale : Whole Foods Market à ouvert en 2013 à Brooklyn un nouveau type de magasin « Locavore spirit », avec un toit-jardin composé d’une ferme hydroponique de 1900 m2 qui alimente en circuit ultra-court les magasins Whole Foods de New-York. En savoir plus : http://fr.slideshare.net/sauveurfernandez/whole-foods-market-les-sept-leons-du-succs
(5)      Bâtiment passif zéro énergie : les magasins bio ont dans l’ensemble du retard en ce domaine, en étant moins réactif que la GMS conventionnelle : Carrefour à lance en 2010 le Label V certifié Ecocert pour des centres commerciaux écologiques). Le centre commercial de la Caserne de Bonne (Grenoble) bioclimatique (17300 m2), n’est ni chauffé ni climatisé. Le tout nouveau magasin de la chaîne de pharmacie américaine Walgreens, basé près de Chicago, est totalement autonome en énergie.
(6)      Magasin connecté : point de vente physique qui intègre les nouveaux canaux de vente digitaux (smartphone, tablettes, murs virtuels de commande).
(7)      La « course au dernier km » (livrer directement chez le consommateur) fait actuellement l’enjeu d’une lutte internationale féroce, notamment entre Google et Amazon, maîtres en stratégie commerciale anticipative.
(8)      Des vendeurs chaleureux et justes : les vendeurs de l’enseigne américaine d'équipements sportifs REI ont pour consigne de donner les forces et faiblesses de chaque produit, sans chercher à forcer la vente. Apple forme ses vendeurs à l’art du conseil personnalisé et de l’empathie avec les dernières méthodes issues des psychologies cognitives.
(9)      De la communication publicitaire à la communication de lien : l’enseigne Franprix, à organisée en 2012 et 2013 des crêpe-partie gratuite à l’occasion de la chandeleur, au cours de laquelle les habitants d’un même quartier se sont retrouvés avec les équipes du magasin. La marque alternative de bière américaine New Belgium Brewing est devenue experte dans l’art de communiquer avec des événements communautaires ludiques et décalés, très attendus, qui encouragent à des comportements responsables (aller en vélo au travail….
(10)   Eco-transports de marchandise : Franprix approvisionne 80 de ses 350 magasins parisiens par voir fluviale. Biocoop est pionnier du camion à moteur biogaz en France pour une empreinte CO2 infime.
(11)   Du produit au service : le passage de l’achat propriétaire d’un produit à son usage (par la location principalement) est appelé « économie de fonctionnalité ».
(12)   L’américanisation des villes européennes : notons que le contraire s’effectue en France: si les centre-ville historiques sont conservés, les banlieues et périphéries françaises, répliques des banlieues américaines, où la voiture est reine, les ont remplacés depuis longtemps. 

Classés dans :


Articles récents dans la même catégorie

+

Inscrivez vous à notre newsletter

Vous acceptez de recevoir nos derniers articles par email
Vous affirmez avoir pris connaissance de notre Politique de confidentialité.