Parfumer et prolonger sa vie grâce aux graines aromatiques

13 septembre 2013

Les semences constituent la mémoire millénaire de leur espèce et sont des gages de longévité pour ceux qui en consomment.

Les graines ou semences recèlent, au cœur de leurs noyaux cellulaires, au-delà de leur dimension minuscule, toute la mémoire du vécu de leur espèce. D’après Goethe, immense romancier et poète, mais aussi grand botaniste mystique, elles seraient issues d’un seul et unique schéma de la plante originelle, die Urpflanze, surgie du génie du Grand Architecte. Ensuite, par les voies des eaux, des vents, des hommes et des oiseaux nomades, sans frontière aucune, elles ont fait le tour de notre planète. Exotiques ou bien d’ici, voici des graines aromatiques et thérapeutiques courantes encore trop méconnues ou sous-utilisées. La plupart se cueillent à la fin de l’été. Si vous en achetez, assurez-vous qu’elles sont certifiées biologiques, seule garantie contre les OGM.

Pour commencer, voici quelques précieuses parmi les nombreuses apiacées ou ombellifères condimentaires.

Aneth (Anethum graveolens)
Très répandu et utilisé, ses feuilles et ses fleurs se vendent en bouquets dans les fruiteries à la fin de l’été pour assaisonner les cornichons et autres marinades. Les graines sont plus aromatiques et thérapeutiques, car elles concentrent, comme la plupart des plantes de cette famille, un maximum d’huiles essentielles.

Anis vert (Pimpinella anisum)
Petite graine au bon goût nuancé et sucré, l’anis vert est souvent consommé sous formes de bonbons fabriqués dans l’ancienne abbaye de Flavigny ou de biscuits de Noël alsaciens. Il est carminatif et rafraîchit l’haleine en plus de faciliter la digestion, surtout au niveau intestinal.

Carotte sauvage (Daucus carota)
L’ombelle de carotte sauvage peut être bue en tisane contre les douleurs menstruelles. Ses graines mûres aident à combattre les gaz et ont longtemps servi de contraceptifs aux Amérindiennes, sous forme de pilule du lendemain. Sa racine, à ne pas confondre avec sa cousine très toxique la cicutaire maculée, est l’ancêtre de toutes les carottes. Il est préférable de consulter un herboriste pour ne pas les confondre.

Carvi (Carum carvi)
Aussi appelé cumin des prés ou des montagnes, le carvi a sans doute été importé d’Europe comme 80 % de ses congénères sauvages médicinaux. On le trouve dans les riches friches abandonnées près des anciennes fermes. Très connu en Europe du Nord où on l’intègre au pain de seigle, on en fait aussi une liqueur digestive appelée Kümmel. Cette boisson est souvent concoctée avec du carvi préparé en teinture mère sucrée et quelques autres herbes carminatives.

Cumin (Cuminum cyminum)
Cette belle apiacée des prés originaire de la Méditerranée est très utilisée dans les pains germaniques et allemands ainsi que dans quelques fromages gras comme le munster. Le cumin est galactagogue ou galactogène, car il augmente la sécrétion lactée chez les nourrices et diminue les risques de coliques chez les bébés. Riche en progestérone, il est digestif, carminatif et aphrodisiaque en plus de favoriser la fertilité. Il est aussi vermifuge et parasiticide. On l’ajoute aux pains maison, aux soupes-repas et aux plats de légumineuses. On broie les graines au mortier et on les ajoute à la dernière minute.

Cardamome (Elettaria cardamomum)
La cardamome est originaire du Moyen-Orient. Serties par dizaines dans une petite capsule, les graines de cardamome verte sont les plus aromatiques et agréables à croquer pour désinfecter la bouche ou rafraîchir l’haleine. On utilise la cardamome infusée dans le café ou on l’ajoute aux tajines et à certains desserts. Elle a des propriétés aphrodisiaques, euphorisantes, digestives et toniques.

Céleri (Apium graveolens)
Les bonnes tiges de céleri sont rafraîchissantes et diurétiques, mais les graines sont hautement thérapeutiques. On les emploie aussi comme assaisonnement, autant dans le Bloody Mary que dans la cuisine du terroir, ajoutées en fin de cuisson pour faciliter la digestion. Elles sont employées traditionnellement en cure d’au moins une semaine en tisane contre la bronchite, la cystite et les rhumatismes chroniques. On les prépare en infusion à raison de 2 g par tasse.

Fenouil (Foeniculum vulgare)
Ses graines odorantes sont une véritable concentration d’huiles essentielles (anéthol, fenchène, etc.) très digestives et désodorisantes. Le fenouil est un puissant diurétique et un pectoral souvent présent dans les formules antitussives. De plus, il contient des pro-œstrogènes et peut inhiber les androgènes chez la femme souffrant d’hirsutisme.

Fenugrec (Trigonella foenum graecum)
Cette légumineuse ou brassicacée très riche en protéines est cultivée comme fourrage dans plusieurs pays méditerranéens. On consomme habituellement le fenugrec germé comme crudité dans les salades ou les sandwiches. Certains mélanges d’épices en contiennent également. Les graines sont si dures qu’ils faut absolument les faire tremper puis bouillir pendant une quinzaine de minutes avant de les consommer en décoction deux ou trois fois par jour. Le fenugrec étant aussi un bon régulateur de la glycémie, il est donc indiqué en cas de faiblesses liées au pancréas. Il soulage la bronchite et tonifie les muscles respiratoires. Il est aussi galactagogue.

Genévrier (Juniperus communis)
Les baies de genévrier sont utilisées dans plusieurs plats typiquement européens comme le civet de lapin ou le ragoût de cerf, sans oublier la célèbre choucroute dans laquelle on peut délaisser les feuilles de laurier mais jamais les baies de genévrier ! Autre spécialité à laquelle il a donné son nom : le gin, fait de baies de genévrier distillées, l’un des alcools blancs les plus appréciés au monde encore aujourd’hui. On trouve cette variété de genévrier, souvent en colonie, dans des zones arbustives préservées qui sont disséminées le long du Saint-Laurent. On peut simplement en mâcher quelques baies contre l’indigestion, les cystites, la lithiase rénale bénigne et les rhumatismes chroniques originant d’une fatigue rénale.

Moutarde (Brassica alba et Brassica nigra)
Ancienne crucifère désormais classée comme brassicacée, c’est l’une des plantes à graines pour condiment les plus connues et utilisées en cuisine. Le Canada est le plus gros producteur. Que ce soit sous forme de graines, de poudre ou de condiment, elle a sa place dans tous les réfrigérateurs d’Occident et trône sur presque toutes les tables slaves et germaniques. Sa haute teneur en soufre permet de mieux digérer les viandes grasses et de rehausser les vinaigrettes. Grâce à ses composantes réchauffantes comme la sinigrine et la myrosine, la poudre de moutarde fait partie de la pharmacopée populaire depuis des décennies en tant que révulsif contre la fièvre sous forme de cataplasme ou mouche de moutarde appliquée sur le thorax en cas de bronchite ou encore sur un furoncle pour le faire aboutir.

Nigelle (Nigella damascena et Nigella sativa)
La nigelle est aussi appelée cumin noir. On extrait son huile très précieuse et coûteuse pour soigner les maladies de peau, les plaies et les rides sévères. On en a même retrouvé des flacons dans les cryptes de Cléopâtre et de Néfertiti ! On peut l’acheter en graines que l’on ajoutera aux mijotés et aux soupes riches en protéines ou en fibres. Plusieurs gâteaux et pains du Moyen-Orient en contiennent. Le célèbre médecin et philosophe Avicenne la recommandaient déjà vivement au Moyen Âge. On en trouve également comme suppléments en capsules pour combattre les allergies sévères. Sa fleur bleu tendre – ou les cultivars blancs ou rosés – sont relativement faciles à cultiver ici. La fleur est magnifiquement stylisée et, en élixir, elle soigne le manque de confiance en soi et la propension à se dénigrer en favorisant l’épanouissement de la créativité.

Sésame (Sesamum indicum)
Le sésame était déjà cultivé en Syrie il y a 3000 ans. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde en sont les principaux producteurs. On extrait son huile très équilibrée en acides gras essentiels et en vitamines A et E. Celle-ci est très régénératrice et aiderait à combattre les effets néfastes des rayons ultraviolets. Cette huile offre l’avantage de ne pas rancir facilement, mais je ne parle pas ici de l’huile grillée très odorante abondamment utilisée dans la cuisine asiatique. Les graines de sésame entières sont riches en calcium (1000 mg par 100 g de graines) et en fibres, mais pour les consommer telles quelles mieux vaut les piler ou les moudre pour éviter d’irriter l’intestin. On peut aussi les griller à sec et les mélanger avec un peu de sel marin comme le font les Japonais friands de gomasio. Il est aussi recommandé de consommer régulièrement du tahini (purée des graines de sésame) en tartinade ou encore du hoummos au beurre de sésame, tous deux excellents pour la santé des muqueuses intestinales, des os et de la peau. Enfin, mentionnons le halva, une confiserie très prisée en Grèce et au Moyen-Orient.

Note importante : Il faut éviter de consommer les apiacées/ ombellifères (carotte, céleri, anis et aneth, carvi, cumin, etc.) en cure ou en grande quantité s’il y a des antécédents de cancers hormonodépendants ou des allergies au soleil avec taches pigmentaires, car elles présentent une concentration élevée en psoralènes et en fucocoumarines. Il faut aussi en éviter l’usage prolongé si on prend des anticoagulants ou des médicaments hypotenseurs.

Par Anny Schneider, herboriste-thérapeute accréditée ( www.annyschneider.com)

Article repris auprès  de notre partenaire Vitalité Québec

 

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