Passons au ménage bio

23 février 2014

Faire le ménage, dangereux pour la santé ? Cette interrogation, saugrenue il y a encore quelques années, s’impose aujourd’hui au fil des études et connaissances comme une triste réalité. Alors que nous vivons 14 heures dans notre home sweet home, l’air que nous y respirons nous intoxique trois à cinq fois plus que celui de l’extérieur ! Notre maison recèle aujourd’hui près de 900 substances chimiques, une pollution à laquelle les produits ménagers participent allègrement.

Noms barbares, étiquetages flous, listes des ingrédients, confidentielles… il est aussi difficile de s’y retrouver pour le consommateur que pour le législateur quand on sait qu’il existe près de 100.000 substances chimiques autorisées sur le marché européen et qu’à ce jour, les effets de « seulement » 3000 ont été étudiés. Corrosives, irritantes pour la peau et les systèmes respiratoire, ou source d’allergies de stérilité, voire de cancers, plusieurs substances sont connues pour leur toxicité  avérée, pourtant on les retrouve encore massivement dans les produits ménagers classiques. Diffusées dans les égouts, ces molécules polluent l’eau et ne sont pas toujours éliminées par les stations d’épuration. Nous les retrouvons donc en bout de chaîne dans l’eau du robinet. Lisez bien les étiquettes !

Panique dans la cuisine

Les produits pour la vaisselle, par exemple, sont loin d’être anodins. Les détergents pour lave-vaisselle contiennent la plus grosse quantité de phosphates, des actifs efficaces pour dissoudre les graisses mais aussi très nocifs pour la biodiversité aquatique. Un tel détergent dans l’œil ou sur la peau et c’est la brûlure immédiate. Avalés, ils brûlent la bouche, la gorge et le tube digestif. Quant aux liquides vaisselle, essentiellement composés d’agents nettoyants, ils enlèvent la protection naturelle de notre peau et l’agressent avec, à la clé, dessèchement, crevasses ou allergies.

Outre ces tensio-actifs (TA), on peut y trouver d’autres substances peu sympathique comme du triclosan (un conservateur antibactérien suspecté d’être cancérogène) des colorants et parfums de synthèse, responsables d’allergies et d’irritation. Comme l’explique Laëtitia Royant, Auteur du livre « Je fabrique mes produits ménagers », les éponges ne sont pas en reste: « Fabriqués à partir de pétrole, elles sont souvent traitées avec des produits chimiques et ne sont pas biodégradables ».

Même combat du côté des gants ménagers classiques, du savon liquide pour les mains ou des produits nettoyants pour four. Hyper puissants, des derniers sont aussi hyper toxiques surtout en aérosols: irritants pour les voies respiratoires, ils sont potentiellement dangereux pour la peau et les yeux en cas de projection accidentelle. Ils cumulent généralement des ingrédients peu réjouissants: soude caustique, COV et conservateurs.

Les nettoyants multi-usages, quant à eux, ont des compositions variées dont l’eau de Javel ou le benzène (un solvant cancérogène) et des colorants et parfums. Ils peuvent aussi émettre du formaldéhyde, cancérogène respiratoire, tandis que la plupart contiennent des parfums et colorants.

De même pour les produits désinfectants, avec un cocktail eau de Javel, chlore, COV, triclosan, conservateurs et parfums de synthèse… sans compter que, sauf exception (lors d’une épidémie, par exemple), une maison nettoyée n’a pas besoin d’être séfinectée et que cette obsession de l’hygiène risque finalement d’entraîner des résistances bactériennes.

Et si on se passait d’eau de Javel ?

Acides pour dissoudre le tartre, additifs pour donner une texture de gel, tensioactifs, javel, chlore, triclosan, solvants, désinfectants, germicides et autres agents se bousculent aussi à la porte de la salle de bains et des toilettes. Comme en cuisine, les risques sont les mêmes pour l’environnement et la santé: brûlures, irritation, allergies, perturbation endocrinienne, voire stérilité et cancer…

Les produits pour déboucher les canalisations sont pires encore et contiennent des acides si puissants qu’ils peuvent provoquer des brûlures au deuxième degré. Vous lavez vos vitres et miroirs ? Sortez vos masques ! En plus d’être nocifs pour l’environnement, les produits à vitres sortent la grosse artillerie: phosphates, ammoniaque, composés organiques volatiles, dont les fameux éthers de glycol. Dangereux en cas d’inhalation et d’absorption, notamment pour les femmes enceintes (danger pour le fœtus), ils sont suspectés d’induire des troubles de la fertilité.

Côté lessive, si le blanc éclatant du linge est le fruit d’une illusion d’optique, la pollution qu’il engendre est bien réelle. Pour laver plus blanc que blanc, nous avons accepté, sans trop le savoir, de mettre en danger la nature et nous avec. Certains ingrédients des lessives comme les agents tensioactifs, les assouplissants et les azurants optiques affectent durablement la faune et la flore aquatique. Les phosphates sont désormais interdits depuis 2007 dans les lessives mais l’acide nitrilotriacétique (NTA) qui le remplace serait cancérogène. Quant aux azurants optiques, il s’agit de leurres: ils déposent sur les fibres des tissus une substance bleutée pour nous donner l’illusion d’un blanc éclatant. Pourquoi pas ? sauf qu’ils sont suspectés de générer des allergies et des éruptions cutanées…

En matière de pollution, le danger est dans le chiffon ! Un danger d’autant plus évitable qu’il existe des alternatives saines et parfaitement efficaces. Ne laissez pas les industriels vous vendre n’importe quel pschitt ou produit moussant…votre santé est en jeu.

Avec l’aimable autorisation de BioInfo (n°19)

 

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