Entretien avec Maxime Durant, co-fondateur de Bio Demain et 1er lauréat du Natexbio Challenge 2021
Nous sommes partis à la rencontre de Maxime Durand, gagnant du 1er prix du Natexbio Challenge 2021, et co-fondateur de Bio Demain, entreprise sociale et solidaire, qui accompagne les producteurs et les agriculteurs en cours de conversion à la Bio, en les aidant à vendre leurs produits « bientôt bio » sur les différents canaux de distribution. Comme le dit si bien Maxime, « nous ne sommes pas là pour faire du business, mais pour contribuer à changer le monde avec les moyens qui sont les nôtres. »
Natexbio : Maxime, pouvez-vous nous rappeler qui est Bio Demain ? Petit historique de la genèse de cette marque si atypique ? Qu’est-ce qui vous a motivé ?
MD : « En premier lieu, c’est une histoire d’amitié et de valeurs que je partage avec Stéphane, mon associé, et ami depuis l’école, et avec qui j’ai beaucoup d’affinités : nous essayons de changer le monde à notre niveau, et de créer une activité « qui ait du sens ». Ensuite, c’est aussi une histoire personnelle, familiale : mon grand-oncle, agriculteur-producteur, a tenté par le passé de se convertir à la Bio, car il voulait, lui aussi à sa façon, changer les choses, œuvrer pour un monde et des produits meilleurs. Ce fut alors trois années difficiles (la période de conversion obligatoire), au cours desquelles il a vu les rendements chuter, les problèmes financiers se cumuler, avec, au bout du compte la nécessité d’abandonner le projet, de vendre la ferme et de se reconvertir dans une autre activité pour vivre. »
Natexbio : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à créer ce projet, qui finalement va bien au-delà d’une simple « marque » de produits Bio ?
MD : « Cette histoire m’a marqué : comment était-ce possible de subir un tel échec ? Et il n’était pas le seul… ça a motivé mon projet d’aider les producteurs qui veulent se convertir au bio. Pour résumer la philosophie de notre marque, je dirais en quelques mots : juste, équitable, acheter aux producteurs, au meilleur prix »
Natexbio : Décrivez nous la gamme, les produits distribués actuellement. Et quels sont les produits à venir ? Leur valeur ajoutée commune ?
MD : « Notre gamme est simple, comme nous ! Ce sont des produits du quotidien, que chacun d’entre nous peut acheter en magasin Bio : des jus, des farines, du miel, des purées, des noix… nous ne ciblons pas tel ou tel type de consommateur bio, mais le plus grand nombre, avec une offre de produits bons et sains, et une juste rémunération pour les producteurs. »
Natexbio : Qui dit « produits », dit « producteurs » : parlez-nous d’eux, quels sont leurs profils ? Combien sont-ils ?
MD : « Notre approche a beaucoup évolué. Au début nous démarchions les producteurs ; aujourd’hui ce sont eux qui viennent vers nous, grâce au bouche-à-oreille. Nous travaillons avec des agriculteurs et producteurs sur tout le territoire. Mais aussi avec des coopératives et autre partenaires. En 2021, nous avons accompagné à ce jour plus de 90 producteurs, nous prévoyons d’arriver à 130 en fin d’année ; et même 500 en 2022. Notre objectif à 5 ans : 1000 producteurs qui seront passés par nous pour réussir leur conversion ! »
Natexbio : Nous avons aimé la présentation de vos produits en magasins : simplicité et efficacité pour une offre très claire. Pourquoi un tel positionnement ?
MD : « Être totalement transparents vis à vis des consommateurs, et des producteurs, c’est notre volonté première. À partir de là, la réflexion sur le nom et le marketing de nos produits est venue très rapidement, avec aussi l’idée de faire réagir le public face à la largeur des offres en magasins : il a fallu susciter l’intérêt immédiat pour nos produits et se démarquer par une communication « choc » et directe. »
Natexbio : Et sur quels réseaux de distribution vous appuyez-vous ?
MD : « En premier lieu sur le réseau des Magasins Spécialisés Bio, environ 500 magasins en France, sur pratiquement toutes les enseignes. De manière plus anecdotique, nous sommes aussi présents dans quelques épiceries fines. La GMS nous a aussi approché, et nous développons actuellement un projet de nouvelle marque pour ce réseau, sur un nombre restreint de produits « grand public », avec des recettes et des emballages différents. Travailler sur plusieurs canaux de distribution pourra surprendre certains, mais n’oublions pas que nous sommes une entreprise sociale, avec pour but d’aider un maximum de producteurs dans leur conversion au Bio. »
Natexbio : Pensez-vous qu’une offre vrac puisse s’appliquer un jour à Bio Demain ?
MD : « Tout à fait ! Nous avons même une petite gamme en test chez quelques uns de nos partenaires (BBG pour ne pas le citer) : quinoa, lentilles, farine, pois chiches et noix. C’est une offre que nous souhaiterions développer rapidement.»
Natexbio : Et quelle attention particulière portez-vous aux valeurs de la Bio ? Concrètement comme cela se traduit ?
MD : « Nous sommes bien évidemment très attachés à ces valeurs, c’est même l’une de nos raisons d’être. Mais nous voulons aller plus loin, notamment en adhérant au label ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). En tant qu’entreprise sociale, nous appliquons ces valeurs à toutes les étapes de la vie de notre petite entreprise : du producteur que nous aidons, au consommateur pour lequel nous pratiquons les prix les plus justes, en passant par les employés et nous-même, nous sommes partisans de l’égalité salariale. Par exemple, en cas de bénéfices, ceux-ci seront partagés entre producteurs et salariés, et même nos consommateurs bénéficieront d’échantillons gratuits sur les produits Bio Demain. Nous nous intéressons aussi beaucoup à l’agro écologie et à la permaculture, que nous souhaiterions intégrer à notre démarche d’ici 5 ans. »
Natexbio : Vous venez de remporter le premier prix du Natexbio Challenge 2021 : quelle importance accordez-vous à ce 1er prix ? Et qu’allez vous en faire ?
MD : « La dotation financière va nous permettre de créer un nouveau poste de spécialiste des filières d’approvisionnement. Nous allons aussi lancer de nouveaux produits, et ainsi accompagner encore plus de filières. »
Natexbio : Vous bénéficiez aussi d’un stand pour le prochain Natexpo, qui se déroulera du 24 au 26 octobre à Paris-Villepinte.
MD : « Oui, nous y serons bien sûr. Pour rencontrer nos interlocuteurs historiques, et aussi pour tisser des liens nouveaux avec nos prochains partenaires, producteurs, et distributeurs ! »
Propos recueillis par Christophe Beaubaton pour Natexbio
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