Pourquoi produire et manger bio ?
Dossier Bio Linéaires n°105 janvier/février 2023
L’intérêt du bio, pour la santé et l’environnement a longtemps été contesté, le plus souvent par des gens ou des organismes que son développement gênait.
Mais au fur et à mesure que de nouvelles données scientifiques confirmaient, aussi bien la supériorité nutritionnelle des produits bio que les risques liés à l’utilisation des pesticides, les arguments des détracteurs du bio tombaient les uns après les autres.
Des centaines d’études comparatives ont été réalisées depuis une trentaine d’années pour déterminer si les aliments bio sont réellement plus riches en minéraux, vitamines et autres nutriments que les conventionnels.
Avec des résultats variables selon les conditions dans lesquelles les comparaisons ont été faites. De ces comparaisons ont été tirées plusieurs méta-analyses, tentant de faire la synthèse des comparaisons publiées jusque-là.
Des données scientifiques sur l’impact sur la santé
Si les différences de composition – le plus souvent en faveur entre les produits biologiques et les conventionnels – sont de moins en moins contestées, quoi qu’en dise l’Académie d’agriculture, leur impact sur la santé reste un sujet de controverses. Les études ayant essayé de mettre en évidence cet impact sont en effet très peu nombreuses, notamment en raison de leur coût élevé.
Des études de plus en plus précises
Une étude portant sur 300 femmes a montré que le lait de femmes mangeant bio est plus riche en acide ruménique, un acide linoléique conjugué produit par les ruminants et très probablement favorable à notre santé, que le lait des femmes ne mangeant pas bio.
Trois autres études ont conclu que les enfants mangeant bio avaient un risque d’eczéma nettement plus faible que ceux qui mangeaient conventionnel.
Plusieurs études, réalisées dans le cadre du projet BioNutriNet, portant sur un échantillon de 50 000 consommateurs bio et réalisée en France, ont montré que, à apport énergétique et niveau d’activité physique égal, les consommateurs réguliers de produits biologiques ont une alimentation plus saine et plus riche en aliments végétaux que les autres. Cette alimentation est associée à un impact environnemental plus faible, et un risque réduit d’obésité, de diabète de type 2, de cancer du sein après la ménopause, et de lymphomes.
D’autres études récentes qui donnent à réfléchir
Des chercheurs américains ont comparé deux groupes de consommateurs, ceux du premier groupe mangeant surtout des fruits et légumes connus pour leur pollution élevée par les pesticides, et ceux du second consommant surtout des fruits et légumes peu pollués. Résultat : les consommateurs du premier groupe ont un sperme de nettement moins bonne qualité que ceux du second (spermatozoïdes moins nombreux et moins mobiles). De quoi remettre en cause ce qu’affirment la plupart des nutritionnistes, à savoir que les effets bénéfiques pour la santé des fruits et légumes seraient tels qu’il vaut mieux en manger plus, même avec des pesticides, que moins, à cause de leur prix, allusion évidente au bio (Chiu Y.H. al, Fruit and vegetable intake and their pesticide residues in relation to semen quality among men from a fertility clinic, Hum. Reprod. 2015).
Une autre étude, réalisée par l’université de Harvard, et à laquelle ont participé 160 000 personnes, a comparé l’impact sur la santé de personnes consommant peu ou beaucoup de fruits et légumes, en fonction de la pollution de ces derniers par les pesticides. Par rapport aux personnes consommant moins d’une portion de ces aliments par jour, ceux qui en consommant quatre portions ou plus, ont vu leur mortalité baisser de 36 dans le groupe de participants consommant des fruits et légumes peu pollués. Dans le groupe consommant des fruits et légumes figurant parmi les plus pollués, l’augmentation de leur consommation n’avait plus aucun impact sur leur mortalité. En d’autres termes, la présence de résidus annulait l’effet bénefique d’une consommation élevée de ces aliments (Sandoval-Insausti H et al. Intake of fruit and vegetables according to pesticide residue status in relation to all-cause and disease-specific mortality: results from three prospective cohort studies, Environment International, 2022).
Un bilan des études publiées sur le lien entre l’exposition de la mère aux pesticides et les cancers de l’enfant a mis en évidence une corrélation entre l’exposition maternelle à divers pesticides et l’incidence de la leucémie chez l’enfant qui, selon les cas, augmente de 20 à 50 % (Ikbal Set al. Maternel pesticide exposure and its relation to childhood cancer an umbrella review of meta-analyses, International Journal of Environmental Health Research, 2022, 32(7):1609_1627).
Un lien est suspecté entre l’exposition aux pesticides pendant la grossesse et l’incidence de l’autisme (Domina Petric,The possible link between glyphosate maternel exposure and the risk of autism development in offspring, International Journal of Autism, 2022,2(2) :01-03). ll confirme les résultats observés avec d’autres pesticides.
Avec l’aimable autorisation de BioLinéaires
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