Tribune d’Arnaud Le Berrigaud, fondateur d’ALB Expert Pack

23 mai 2023

Le bio et l’emballage plastique, ou le mariage de la carpe et du lapin. 

Arnaud Le Berrigaud

C’est à peu près ce que disait un député breton lors de la construction de la loi EGALIM en 2018 : « le plastique dans certains cas nous sommes d’accord, mais pour le bio, supprimons-le ». J’avais trouvé étonnante cette proposition en tant qu’expert de l’emballage, alors je lui en avais demandé la raison. Réponse : « le bio et le plastique, ca ne va pas ensemble ». Fermez le ban !

Nous partions donc du postulat que le conventionnel bénéficiait d’un droit que le bio n’avait pas : la conservation plus longue du contenu dans certains cas. Le bio se mangerait donc à l’instant au risque de se perdre alors que le conventionnel pouvait durer dans nos placards et réfrigérateur…. Ou il finit souvent pas se perdre.

L’industrie de l’emballage qui m’héberge depuis 25 ans, a renforcé un de mes traits de caractère : je suis critique ! Les démarches d’amélioration continue consistant à mener des actions permanentes et durables pour améliorer l’ensemble des processus de l’entreprise, en éliminant les dysfonctionnements et en renforçant les atouts générateurs de valeur, l’ont énormément renforcé.

J’ai donc tendance à chercher les points d’amélioration appelés aussi « problèmes, blocages, la petite bête », à les mettre sur la table pour les traiter. Une première méthode que je n’utilise que très rarement, consiste à montrer les améliorations quand elles sont opérationnelles en disant « c’est bien hein » ou « on est au milieu du gué, ce n’est déjà pas si mal », auquel j’ai toujours envie d’ajouter « surtout n’y restons pas, au milieu du gué ». Une deuxième consiste à mettre sous les projecteurs plutôt que sous le tapis, les progrès restant à accomplir, parfois en jetant un pavé dans la marre. C’est cette posture que j’ai choisie et que j’assume. 

Depuis quelques années, nous assistons à La « Révolution Tranquille » de l’emballage. C’est une expression québécoise que j’aime bien et qui signifie une série de changements politiques, sociaux et culturels radicaux. Nous assistons à l’extraordinaire collision entre les lois françaises et européennes, les ONG, la presse, l’opinion publique et autres éléments qui s’abattent sur ce que l’on voit en premier d’un produit, son emballage. Alors qu’il est au service de ce qu’il contient, l’emballage est devenu le bouc émissaire de notre consommation.

Pris dans la tourmente et en réponse immédiate à cela, on voit parfois des innovations qui font sens et d’autres qui semblent être là pour faire diversion, pour enjamber le sujet à traiter.

L’éco-conception selon « Rathenau Instituut » comporte 4 étapes : modifier le matériau et/ou composant, revoir l’architecture du produit, faire un saut technologique parfois en ajoutant de nouvelles fonctions et en repensant l’usage, et enfin changer de « business model » en pensant par exemple « économie de la fonctionnalité ». Plus clairement, passer d’un PET vierge (c’est le petit nom du plastique utilisé pour la fabrication des bouteilles d’eau) à un PET recyclé (Rpet) n’est que l’étape 1 de l’éco-conception. Même chose lorsque l’on passe d’un emballage plastique à un en carton (souvent plastifié). On n’est même pas « au milieu du gué » ; on met juste un pied dans l’eau.

L’emballage ne fait pas sa révolution : il suit nos modes de vie qui doivent changer radicalement. Le bio fait partie de ces changements importants, le bio doit faire sa révolution. 

Voilà en quelques lignes le message que j’essaie de passer de façon sincère. Si parfois je suis maladroit et que je manque de finesse je l’avoue, j’ai, je pense l’humilité d’accepter que je suis un expert « non-sachants » … comme beaucoup. 

Arnaud Le Berrigaud.

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