Tribune de Christophe Barnouin, CEO d’Ecotone
Notre alimentation est absente des débats sur le changement climatique, et c’est grave.
L’été brûlant nous l’a rappelé avec force : le changement climatique s’invite à la table des Français et des Françaises de manière saisissante. Et ce n’est pas faute d’en être avertis depuis des années.
Malgré cela, à l’heure où notre gouvernement déclare faire de la transformation écologique une priorité, l’alimentation est purement et simplement absente du débat public sur cette question.
L’agriculture est pourtant le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre en France, et compte pour environ un quart des émissions au niveau mondial. Au niveau national toujours, les consommations de lait et de viande représentent 85% des émissions de gaz à effet de serre pour la production agricole… et mobilisent 80% de la surface cultivée.
Les engrais azotés chimiques, piliers de l’agriculture majoritaire française, ont aussi une responsabilité majeure dans ces dérèglements. En plus de polluer nos sols et nos eaux depuis des décennies, ils sont produits dans différents pays, voyagent autour du monde aggravant leur empreinte carbone. Enfin et surtout, ils participent par leur fabrication à une pollution massive : pour créer une tonne d’engrais azoté, on utilise deux tonnes d’équivalent pétrole…
Le tableau de notre agriculture dite « conventionnelle » ou « chimique » est donc bien sombre : pollution des sols (perte de biodiversité sans précédent), pollution des nappes phréatiques (selon les propres estimations de la Direction générale de la santé, si la réglementation était respectée, près de 10 millions de Français auraient dû être privés d’eau du robinet l’année dernière !), responsabilité massive dans la déforestation. Bref, un « système agricole et alimentaire non soutenable » comme le décrit bien le WWF.
L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre ? L’agriculture bio produit moins d’émissions que l’agriculture chimique (ce que souligne d’ailleurs la Commission Européenne). L’objectif est de protéger notre santé et la biodiversité ? La consommation bio est bénéfique pour la santé des êtres humains ainsi que pour l’environnement comme le montre l’étude BioNutrinet pour ne citer qu’elle.
Comment se fait-il qu’en 2022 nous soyons obligés de clamer haut et fort ces messages de bon sens ?
Les solutions existent, elles sont éprouvées, elles sont efficaces, et des marques engagées comme les nôtres les mettent en œuvre depuis de nombreuses années. Il s’agit de privilégier l’agriculture BIO et augmenter la part du végétal (bio évidemment !) dans notre alimentation. Les consommateurs et consommatrices l’ont bien compris : en passant bio et plus de végétal, ils et elles réduisent considérablement leur empreinte carbone (près de 40% !).
Pour toutes ces raisons, notre alimentation, notre modèle alimentaire, doit revenir au cœur des débats et être considéré comme le levier majeur pour lutter contre les changements climatiques et environnementaux.
Il est grand temps de mettre l’alimentation au menu de nos priorités !
Christophe Barnouin,
CEO, Ecotone (Bjorg, Alter Eco, Bonneterre…)
À propos d’Ecotone :
Ecotone est le leader européen de l’alimentation bio, végétarienne, et équitable. Sa mission est de nourrir la biodiversité, à travers des marques fortes et engagées : Allos, Alter Eco, Bjorg, Bonneterre, Clipper, Destination, Danival, El Granero, Isola Bio, Kallø, Whole Earth et Zonnatura. En 2019, elle est la 1ère entreprise européenne alimentaire à décrocher la certification B Corp. Sa famille d’entreprises est présente dans 6 pays européens et a basé son siège près de Lyon. Elle emploie 1600 personnes et a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 725 millions d’euros. À travers sa Fondation, l’entreprise soutient des projets de restauration et de conservation des écosystèmes.
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