Tribune de Philippe Laratte, Vice-Président de Synadiet

Compléments Alimentaires : 2021, une année contrastée et édifiante

D’un côté une filière de produits de santé & bien-être qui se porte globalement très bien, avec une pratique de prévention adoptée par une large majorité des consommateurs qui ont intégré les vitamines, les minéraux, les produits à base d’huiles essentielles ou de plantes, et bon nombre d’autres produits naturels. De l’autre une vision en demi-teinte selon l’angle duquel on regarde les statistiques de ventes ou selon les médias qui les mettent en lumière. 

Qui peut se plaindre d’une croissance à +8%, tous canaux confondus, qui, de plus, fait suite à plusieurs années de croissance ? Ce dynamisme dans la durée est la preuve que les consommateurs français ont définitivement adopté les compléments alimentaires, à l’instar de la plupart de leurs voisins européens, en particulier l’Allemagne, l’Italie et la Belgique ou le Royaume Uni.  Mais il est utile de regarder cette croissance de plus près dans les derniers mois, pour comprendre certaines analyses plus contrastées.

En effet la croissance de cette période a été portée essentiellement par deux canaux de distribution, les officines de pharmacie à +13% et qui représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires, et les sites de e-commerce spécialisés en pharma et produits de bien-être à + 30% et qui, eux, représentent entre 15 et 20% du marché.  Il n’y a pas besoin d’être un caïd en arithmétique pour comprendre que certains autres canaux ont souffert, notamment celui des magasins spécialisés bio qui ont terminé l’exercice à -9% et souffrent encore de la baisse de trafic dans les points de vente en ce début d’année. Paradoxalement, même s’il reste petit, le segment de produits de santé qui a le plus augmenté dans tous les canaux est celui des produits certifiés bio. Sans surprise les autres segments en forte croissance sont, comme en 2020, l’immunité, la vitalité, le sommeil et le stress, tous canaux confondus.  

Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? 

• La première est que la crise sanitaire que nous traversons est un vrai révélateur et un accélérateur de tendances détectées depuis longtemps : la prévention fait son chemin dans l’esprit des consommateurset ces derniers font de plus en plus confiance aux produits naturels. 
• La seconde est que l’environnement lié à la santé est un facteur clé dans l’acte d’achat, tout autant que le conseil par des thérapeutes. La somme des conseils récoltés en ligne, alternative à la prescription en personne, ajoutée à la confiance de l’environnement de l’officine font, ensemble, que l’acte d’achat y est déclenché plus facilement… et les sites de e-pharma sont apparentés à des extensions de ces officines, bénéficiant de cette même confiance. 
• La troisième leçon est que le consommateur de santé, comme pour son alimentation, est aussi de plus en plus insaisissable et qu’il explore tous les canaux au gré de son information et des évolutions, assez rapides ces derniers temps, de ses choix de vie, des sources d’information et d’approvisionnement. L’analyse régulière de son attitude et de ses comportements de santé devient donc cruciale. 

La ‘morale’ de cette histoire est que, au moins dans le cas de compléments alimentaires mais probablement plus largement, c’est le consommateur qui fait avancer le système en ce moment, en s’inscrivant dans une recherche responsable de santé (la sienne et celle de l’environnement) et qu’il va chercher conseils, sens, produits et valeurs là où il les trouve…

Philippe Laratte

Vice-Président SYNADIET