Tribune de Romain Ruth, Président de Cosmébio et Directeur Général de Florame
Petites Intox et grande Éthique en cosmétique.
C’est notre métier : en cosmétique, tout le monde essaye de se parer de ses plus beaux atours…pour le meilleur… et parfois pour le pire. Le meilleur c’est quand le beau, le bon et le sûr sont mis dans le même panier, celui de nos consommatrices préférées, qui sont d’ailleurs parfois des consommateurs. Le pire, c’est l’illusion…voire le gros mensonge, parfois proféré sans vergogne. Il décrédibilise.
Mais alors que les mauvaises nouvelles pour la planète se succèdent, tandis que la crise sanitaire tousse encore et qu’un nouveau conflit mondial éclate, on dirait que toute la cosmétique contemporaine ne parle plus que d’éthique.
Ne plus parler que d’éthique, voilà qui est pour le moins paradoxal ! Pour un peu, la beauté, la santé et le niveau de sécurité seraient relégués au second plan. Pour autant, qu’ils l’avouent ou non, les consommateurs pensent tout de même un peu à eux et à leurs familles. Les besoins fondamentaux ça compte : être propre – donc en bonne santé ! – se sentir bien et – pourquoi pas ? – sentir bon.
En faisant l’impasse sur ces besoins hautement nécessaires et pour vanter des comportements moraux, apparemment irréprochables, une petite armée de Tartuffes conventionnels se presse dans les rayons et dans les étals : ce sont tous des produits pleins de bons sentiments et qui ne manquent jamais de s’afficher partout : sur les étiquettes, sur les réseaux et sur tous les écrans, fixes ou portatifs.
Ici on est si « respectueux », là on est tellement « responsable », partout on est fortement « engagé » voire « engagé par nature dans le respect d’une démarche responsable… » les combinaisons sont infinies !
Mais s’engager vraiment est bien plus difficile que de se contenter d’affirmer. C’est bien plus couteux que de se payer de mots. Car s’engager concentre les efforts sur le travail du quotidien, souvent au détriment du faire-savoir. Certains l’ont très bien compris et se contentent, comme de magnifiques pans, de faire la roue en se collant des labels-maison en pagaille, en dessinant des images de nature approximative ou en répétant ces formules humanitaires en carton.
La simple évocation suffit parfois même à donner aux consommatrices distraites le sentiment du devoir accompli et ce, à peu de frais : un joli paysage, trois brins d’herbe folles, un pourcentage reversé (mais lequel ?) Reste que ce sont parfois les ingrédients du succès pour des marques d’apparence respectable, même quand il est parfaitement immérité.
Pourtant les véritables qualités morales ont un prix : d’abord, celui du travail bien fait, ensuite, de la certification biologique qui est une condition essentielle. Au milieu de cette dilution généralisée que nous combattons avec des engagements fermes, la BIO continue à heureusement faire front…et la cosmétique labellisée COSMEBIO continue, elle aussi, à faire la différence dans l’esprit du consommateur, qui est presque toujours une consommatrice. Gardons cette confiance si précieuse. Entretenons-là…pour continuer à laisser parler la vraie valeur perçue. C’est notre Éthique en pratique.
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